çois sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le 15 mai 2013 (Photo : Vincenzo Pinto) |
[16/05/2013 11:43:32] CITE DU VATICAN (AFP) Le pape François a dénoncé jeudi le “fétichisme de l’argent” et “la dictature d’une économie sans visage ni but vraiment humain”, en déplorant que l’éthique et la solidarité soient des concepts qui “dérangent”.
Devant les nouveaux ambassadeurs du Kirghizstan, d’Antigua et Barbuda, du Grand-duché de Luxembourg et du Botswana, le pape s’est réjoui “des acquis positifs” obtenus par l’humanité “dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la communication”.
Mais parlant de “tournant de l’histoire”, il a estimé qu’une bonne partie de la population mondiale vit dans des conditions de “précarité quotidienne”. Il a évoqué “la peur et la désespérance qui saisissent les coeurs de nombreuses personnes même dans les pays riches”, “la pauvreté qui devient plus criante”.
Pour l’ex-archevêque de Buenos Aires, connu pour son attention aux plus pauvres, l’une des causes est “le rapport que nous entretenons avec l’argent”. Selon Jorge Bergoglio, la crise financière mondiale trouve son origine dans “une profonde crise anthropologique” avec la création “d’idoles nouvelles”, “le fétichisme de l’argent et la dictature d’une économie sans visage, ni but vraiment humain”.
L’homme est “réduit à une seule de ses nécessités: la consommation, et pire encore, l’être humain est considéré lui-même comme un bien de consommation qu’on peut utiliser, puis jeter”, a martelé le pape François.
A l’inverse, “la solidarité qui est le trésor du pauvre est considérée comme contre-productive, contraire à la rationalité financière et économique”, a ajouté le pape, en déplorant des inégalités croissantes entre les plus riches et les plus pauvres.
Selon lui, cela provient “d’idéologies promotrices de l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, niant le droit de contrôle aux États”.
A cette critique du libéralisme forcené, le pape a ajouté une dénonciation d'”une corruption tentaculaire et une évasion fiscale égoïste qui ont pris des dimensions mondiales”.
“Tout comme la solidarité, l’éthique dérange! Elle est considérée comme contre-productive (…) comme une menace, car elle refuse la manipulation et l’assujettissement de la personne”, a ajouté le pape.
Le pontife a souligné le rôle de l’Eglise pour “encourager les gouvernants à être au service du bien commun de leurs populations” et “les dirigeants des entités financières à prendre en compte l’éthique et la solidarité”. Il a souhaité “un changement courageux d’attitude” de la part des responsables politiques et économiques.
“L’argent doit servir, non pas gouverner”, a-t-il ajouté, estimant que même “si le pape aime tout le monde, les riches comme les pauvres”, il a aussi “le devoir de rappeler au riche qu’il doit aider le pauvre, le respecter, le promouvoir”.