énètre dans un bureau de Rosbank, filiale de la Société Générale, à Moscou le 15 mai 2013 (Photo : Kirill Kudryavtsev) |
[16/05/2013 16:59:04] MOSCOU (AFP) La filiale en Russie de la Société Générale, Rosbank, est frappée au sommet par l’arrestation et l’inculpation pour corruption de son patron russe, dont le remplaçant par intérim a évoqué jeudi une opération ressemblant à “raid”.
La banque française n’a pour sa part fait aucun commentaire sur les accusations portées à l’encontre du dirigeant russe de sa filiale.
“Société Générale suit de près la situation dans sa filiale russe Rosbank en étroite coopération avec les autorités russes”, s’est-elle contentée de dire jeudi dans un communiqué publié à Paris.
Par ailleurs, “Société Générale réaffirme son engagement envers la Russie comme l’un de ses principaux marchés, dans lequel le groupe voit un fort potentiel de croissance”, a-t-elle ajouté.
La presse et les experts ont noté le caractère exceptionnel de l’affaire, jugeant que Vladimir Goloubkov, arrêté mercredi lors d’une réunion avec des partenaires français aurait pu être “piégé”.
Le président par intérim de Rosbank, Igor Antonov a pour sa part dénoncé sur la chaîne publique Vesti 24 la manière dont des policiers des forces spéciales ont investi mercredi le siège de Rosbank, une opération ressemblant à “un raid comme dans les années 1990”.
L’expression est connue en Russie pour désigner des pratiques courantes dans les années 1990, quand des entreprises changeaient de mains avec l’appui des forces de l’ordre.
“Nous sommes étonnés et affligés par ce qui s’est passé. A commencer par le raid contre la banque. On n’avait pas vu cela depuis longtemps”, a déclaré M. Antonov.
Accusé d’avoir obtenu un pot-de-vin de plus d’un million de dollars, Vladimir Goloubkov a été inculpé jeudi de corruption à grande échelle et risque jusqu’à sept ans de prison.
Selon un communiqué du Comité d’enquête, Vladimir Goloubkov “a exigé, par l’intermédiaire de sa subordonnée Tamara Polianitsyna, plus d’un million de dollars du représentant d’une société commerciale” en échange de conditions de crédit plus favorables.
M. Goloubkov et Mme Polianitsyna, vice-présidente de l’établissement, ont été arrêtés par les forces de l’ordre “lors de l’obtention de la dernière tranche de 5 millions de roubles (123.000 euros), ajoute le comité d’enquête.
Ils risquent jusqu’à 7 ans de prison et une amende allant jusqu’à 70 fois le montant du pot-de-vin exigé.
L’avocat du banquier, Dmitri Kharitonov, a indiqué que son client, convoqué au comité d’enquête jeudi dans la soirée, avait rejeté les charges retenues contre lui.
Cette affaire porte un coup dur à l’établissement français, qui est l’une des dernières banques étrangères encore présentes sur le marché russe.
Deuxième réseau bancaire russe
Société Générale détient plus de 82% de Rosbank, qui est son deuxième réseau après la France.
“Je peux dire avec certitude que Goloubkov n’est pas le genre de personne à exiger un pot-de-vin”, a déclaré à l’AFP Gareguine Tossounian, président de l’Association des banques russes.
“Cela n’a pas de sens pour le numéro un d’une banque de voler son établissement. Il a les moyens de gagner légalement”, a-t-il ajouté.
“Le patron de Rosbank a pu être piégé”, titrait de son côté le quotidien Izvestia.
Certains experts ont estimé que l’attaque pouvait viser indirectement le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, ancien co-actionnaire de la banque, et qui s’est porté garant du patron de Rosbank.
“Je le connais très bien. Il a toujours été un homme honnête et professionnel”, a déclaré M. Prokhorov, demandant que le banquier soit laissé en liberté.
Rosbank, deuxième réseau bancaire russe, compte plus de 3 millions de clients dans 340 villes russes.
En termes d’actifs, c’est la 10e banque commerciale russe, selon l’agence de cotation indépendante Rus Rating qui a annoncé jeudi avoir baissé la note de Rosbank.
La Société Générale, implantée en Russie au début des années 2000 avec notamment sa filiale SG Vostok (BSGV), était devenue actionnaire majoritaire en 2008 de Rosbank, ensuite fusionnée avec SG Vostok.
Elle avait alors indiqué faire un pari sur la Russie, alors que plusieurs autres établissements occidentaux, à l’image de HSBC, Barclays, ou BNP Paribas quittaient le marché russe de la banque de détail, largement dominé par les banques publiques russes.