La Banque centrale de Tunisie (BCT) n’a pas l’intention de dévaluer le dinar et a engagé des mesures pour ramener le cours à son niveau habituel et le stabiliser. C’est le patron de l’institut d’émission, Chadly Ayari, qui l’a affirmé jeudi 16 mai, lors d’un point de presse au siège de la BCT.
A cette occasion, il a passé en revue les facteurs objectifs ayant contribué à la dépréciation du cour du dinar par rapport au dollar et à l’euro au cours de la première semaine de mai 2013. Selon lui, le marché de change a connu des changements conjoncturels au cours de la dernière période, en raison de l’accroissement de la demande sur certaines devises pour les besoins des opérations d’importation outre les transferts importants effectués vers l’étranger au cours de cette période.
Ces facteurs ont eu un impact sur le taux de change du dinar tunisien, lequel s’échangeait à 2,22 par rapport à l’euro et à 1,66 par rapport au dollar, a-t-il précisé.
Il a fait savoir que les fluctuations observées sur ce marché sont dues aux transferts effectués par des plus importantes banques de la place, pour le compte de plusieurs compagnies, telle que Tunisiana (environ 98 millions de dollars) au titre de distribution de dividendes (actionnariat étranger).
Il s’agit également du financement des acquisitions de bon nombre d’entreprises publiques à l’instar de la Société tunisienne d’électricité et du gaz (STEG) pour 57 millions de dollars, l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (97 millions de dollars), la Société tunisienne des industries de raffinage (STIR, 60 millions de dollars), l’Office national de l’huile (ONH, 10 millions de dollars) et l’Office national du commerce (ONC, 10 millions de dollars).
Injection de 638 millions de dinars…
Pour le gouverneur de la BCT, le glissement enregistré est «normal et prévisible» compte tenu de l’évolution de la situation économique, les équilibres financiers, particulièrement l’aggravation du déficit commercial, le recul des recettes touristiques et des transferts en devises des Tunisiens résidant à l’étranger ainsi que la baisse des investissements directs étrangers (IDE).
A fin de stabiliser le marché de change et rassurer les opérateurs économiques, l’institut d’émissions a injecté 638 millions de dinars, depuis le début de la semaine dernière soit l’équivalent du tiers des interventions de la BCT depuis le début de l’année, a-t-il indiqué. «Ceci a permis de réduire le glissement du dinar à 1,64 par rapport au dollar et à 2,14 face à l’euro, et ce contre respectivement 1,69 et 2,2 au cours de la semaine précédente (6-10 mai), a-t-il encore affirmé.
Jeudi, le dinar s’échangeait à 2,11 par rapport à l’euro et à 1,64 face au dollar, et ce malgré une hausse importante du cours de la monnaie américaine sur les marchés internationaux, selon ses dires.
Réforme de la politique monétaire
M. Ayari a précisé que l’autorité monétaire continuera à surveiller l’évolution du cours du dinar, dans l’objectif de préserver la stabilité de la monnaie nationale pendant cette période.
La BCT, a-t-il affirmé, a engagé une réflexion sur la réforme de la politique monétaire en Tunisie rappelant que le dinar a fait face à des pressions similaires et même plus fortes, dans le passé. A cet égard, face au dollar, le cours du dinar a chuté de 12% en 2005, de 7% en 2008 et de 8% en 2010. Face à l’euro, la baisse a été de plus de 8% en 2003.
Le point de presse du gouverneur de la BCT intervient alors que des rumeurs ont circulé, ces derniers jours, sur la possibilité d’une dévaluation du dinar, le taux de change de la monnaie nationale étant fixé par la banque par rapport à un panier de devises.
WMC/TAP