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[18/05/2013 10:34:21] PARIS (AFP) Confrontées à l’explosion de la vidéo sur internet et à la massification des échanges gratuits en ligne, les chaînes de télévision, qui luttent depuis des années contre la reproduction illégale de leurs contenus sur le web, préfèrent désormais accompagner le mouvement en disséminant leurs programmes dans un cadre légal.
Longtemps, les chaînes de télévision ont raisonné dans une logique dite “verticale”, où tous leurs contenus vidéos sur internet devaient être regardés uniquement dans un univers clos, le plus souvent limité à leur site officiel.
Mais Twitter, Facebook, les TV connectées et des systèmes de reproduction ou de captation des vidéos, de plus en plus aboutis, sont passés par là. En quelques clics, les contenus diffusés sur le petit écran ou internet peuvent être copiés et mis en ligne sur un blog, une plateforme (YouTube, Dailymotion…) ou partagés avec des milliers de personnes sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, les réseaux de télévision traditionnels sont bousculés aux Etats-Unis par des sites légaux de streaming vidéo, comme Netflix ou Hulu, qui permettent le visionnage en ligne sans téléchargement et se posent de plus en plus en concurrents directs.
En France, où ces sites ne sont pas encore présents, cette perspective pousse les chaînes à mettre l’accent sur le numérique et à adopter une logique d’ouverture et de diffusion tous azimuts, propre à internet et aux réseaux sociaux.
Remis lundi avec 80 propositions pour adapter la culture à la révolution numérique, le rapport Lescure constatait “la massification irréversible des échanges gratuits en ligne” tout en jugeant que la légalisation des échanges non marchands se heurtait aujourd’hui à “un trop grand nombre d’obstacles juridiques, économiques et pratiques”.
“Arrêter la mer avec les mains”
“Il faut arrêter de penser qu’on va arrêter la mer avec les mains. Si on ne donne pas des outils pour le faire, ça sera fait de toute façon”, explique à l’AFP Olivier Abecassis, directeur général d’ eTF1, qui vient de présenter une nouvelle version de Wat.tv, la plateforme internet de partage de vidéos gratuites du groupe, destinée aux 15-34 ans.
Hors les contenus du groupe TF1, Wat.tv diffuse les vidéos de plusieurs partenaires, comme BFMTV, Mk2, Gaumont ou Universal, en partageant les revenus publicitaires. Les internautes ont aussi la possibilité d’exporter le lecteur vidéo sur un site internet ou blog et, à partir de juin, ils pourront avec la fonction +instant share+ capter et partager des extraits de leur choix sur les réseaux sociaux.
De cette façon, en gardant la maîtrise du système de lecture vidéo, les télés peuvent aussi conserver le contrôle de toute la chaine de droits de diffusion. Une vidéo pourra ainsi être retirée à l’expiration des droits, par exemple.
“Notre stratégie de dissémination, mise en place par Bruno Patino (directeur général des programmes et du numérique, ndlr) à son arrivée, c’était, face à une hyper-offre, légale ou illégale, de donner accès à nos contenus à un maximum de personnes afin de maximiser les contacts avec les téléspectateurs”, explique Laurent Frisch, directeur des éditions numériques à France Télévisions.
“15 ans d’internet nous ont appris qu’on ne pouvait pas aller à l’encontre des usages, on préfère donc ouvrir au maximum ces possibilités mais toujours dans le respect des droits de diffusion”, ajoute ce responsable du groupe audiovisuel public qui a présenté mercredi des nouveaux dispositifs de TV connectée et de second écran.
Même chose chez Arte, où Gilles Freissinier, directeur du pôle web de la chaîne, estime qu’en ouvrant “un outil que l’on maîtrise, on coupe l’herbe sous le pied de ceux qui seraient tentés de développer des outils qu’on ne maîtriserait pas et qui pourraient remettre en question la rémunération des ayants droit”.
En partageant les vidéos de cette façon, l’internaute se maintient dans un cadre légal, souligne Mathieu Gallet, président de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) qui propose également, via ses différents supports numériques, la diffusion d’archives.
Autre signe d’ouverture à la culture web, Arte et France Télévisions ont récemment donné accès à leur API (interface de programmation) à des développeurs informatiques extérieurs afin de “susciter une certaine création”, selon Gilles Freissinier.