Une mystérieuse Association des Investisseurs Européens en Tunisie (AIET) vient de voir le jour. Son initiateur, Georges Ratle, un Franco-libanais (opérant El Moussem Agricole, une société de commerce en gros de produits chimiques pour l’agriculture), veut lui faire jouer un triple rôle de club, de centre d’information, de réflexion, de proposition et d’assistance et d’interlocuteur des pouvoirs publics et de la société civile. En somme, ce que font exactement les chambres de commerce mixtes.
Le lobbying en direction des investisseurs européens et de l’Union européenne, en général, est en train de devenir l’objet d’une âpre bataille, puisque la création de l’AIET n’est pas la première du genre la première initiative du genre.
En décembre 2012, Ferruccio Bellicini, un businessman italien (dirigeant Africa Consulting, une société de promotion médicale et de marketing pharmaceutique), lançait, avec l’expert-comptable Mourad Abdelmoula, la Chambre pour le développement des relations euro-maghrébines (CDREM), neuf mois après avoir perdu le contrôle de la Chambre tuniso-italienne de commerce et d’industrie (CTICI), au profit d’un autre tandem tuniso-italien: Mourad Fradi (expert-comptable, Mazars Tunisie) et de Sandro Fratini (chef de Délégation de l’Assemblée des Régions d’Europe en Tunisie, PDG de Delta Center, un centre d’affaires), respectivement président et vice-président.
Autant d’initiatives que les chambres de commerce mixtes perçoivent comme une insupportable invasion de leur terrain de chasse. Et que la Chambre tuniso-françaises de commerce et d’industrie (CTFCI) est déterminée à combattre.
Pour ce faire, cette structure présidée par Fouad Lakhoua a déjà entamé un dialogue sur cette question avec la Délégation de l’Union européenne à Tunis et entrepris de regrouper toutes les chambres au sein d’une association.
«Cette réaction a été provoquée par les contacts –avec la Délégation européenne à Tunis- d’une des associations se positionnant sur le créneau du développement des relations avec l’Europe et la promesse de la représentation européenne d’accorder des subventions», témoigne le président d’une des chambres mixtes. Ce qui a «fortement déplu aux responsables de la CTFCI qui estime que les chambres tuniso-européennes déjà existantes sont prioritaires pour bénéficier de ces moyens financiers.
Une première réunion des responsables des chambres mixtes tuniso-européennes a été tenue il y a près d’un mois à l’initiative de la CTFCI pour débattre de la création d’une association qui les regrouperait. Cette idée n’est pas nouvelle puisqu’elle a été mise sur la table à la fin des années 90 encore une fois par le président de la CTFCI de l’époque, Ridha Ben Mansour en l’occurrence. Ce dernier voulait alors mettre sur pied une «fédération» des chambres mixtes tuniso-européennes.
Mais la demande de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) d’accueillir cette nouvelle structure en son sein n’ayant pas plu aux responsables de certaines chambres, rappelle une source proche du dossier, le projet a fini par être abandonné.