La conclusion d’une enquête co-réalisée par l’Institut national de la statistique et la Banque mondiale est inquiétante pour l’économie tunisienne : «92% des entreprises en Tunisie, seront unipersonnelles d’ici 2025, si la tendance actuelle à l’emploi à petite échelle se poursuit. Il est, donc, impératif d’agir afin d’éviter au pays une autre décennie de stagnation structurelle», rapporte la TAP.
Pour ajouter à l’inquiétude, cette étude, sur la dynamique des entreprises tunisiennes, révèle que «86% de toutes les sociétés dans le pays étaient unipersonnelles, en 2010, alors que l’ensemble des entreprises employant 100 personnes ou plus ne dépassait pas 0,5%, mais représentaient 37% de tous les emplois, soit plus que toutes les entreprises unipersonnelles combinées».
Et ce n’est pas tout: «Ces grandes entreprises sont disproportionnellement orientées vers l’extérieur, elles sont beaucoup plus susceptibles d’exporter et d’importer, d’être sous contrôle étranger et d’être dans le régime offshore, qui est une source importante de revenus et d’emplois, représentant 32% des emplois salariés en 2010».
Réformer les PME
Ce document de référence appelle également «la nécessité de réformes urgentes, afin de catalyser la création d’emplois et la croissance des entreprises».
En utilisant le “Répertoire National des Entreprises“ -une base de données de haute qualité contenant des informations sur toutes les entreprises du secteur privé hors agriculture en Tunisie-, cette étude a examiné la performance des entreprises en termes de création d’emplois et de productivité.
Il en ressort que le secteur privé tunisien souffre d’une «stagnation structurelle», ce qui reflète une faiblesse de la compétitivité et de la productivité, avec des possibilités de croissance limitées.
«Ce manque d’opportunité ne se manifeste pas seulement dans la création d’emplois décevante, mais aussi dans leur qualité, la production étant concentrée dans des activités relativement peu productives et à petite échelle».
Par ailleurs, le document révèle que l’importance de l’auto-emploi a augmenté au fil du temps, depuis que la création nette d’emplois a été limitée et concentrée dans les entreprises unipersonnelles, ce qui représente la moitié des 672 877 nouveaux emplois nets créés entre 1996 et 2010.
Faible performance de la création d’emplois
Selon les résultats de l’étude, «le manque de création d’emplois a été stimulé par une mobilité ascendante très limitée. Par exemple, parmi les entreprises qui existaient en 1996, 4% seulement avaient évolué en taille en 2010, alors que 55% avaient cessé leurs activités».
«Les jeunes entreprises sont de manière disproportionnée, responsables de la création d’emplois, mais après 4 ans de leur lancement, ces entreprises enregistrent, en moyenne, des pertes d’emploi. Le rendement faible de création d’emploi, soulève des inquiétudes quant à l’opportunité de promouvoir les petites entreprises et de fournir des incitations aux entreprises matures, mais également quant à la nécessité de lever les obstacles à la croissance des entreprises».
Au delà de la faible performance de la création d’emplois, l’étude a également dévoilé de graves lacunes dans l’environnement concurrentiel : la productivité n’est pas un facteur déterminant dans la croissance de l’entreprise, même les meilleurs entreprises ne sont pas en mesure de se développer très rapidement, les estimations suggèrent que le doublement de la productivité ne permettrait d’accélérer la création d’emplois que de 3,9%.
«La croissance de la productivité a été très faible, en partie à cause d’un manque d’augmentation du capital en raison d’un investissement limité», a précisé l’étude.
«Alors que le secteur offshore a connu beaucoup de succès dans la création d’emploi et l’attraction des IDE, la plupart de la production offshore se concentre dans l’assemblage, plutôt que dans la recherche et le développement, des activités n’ayant pas de lien fort avec l’économie nationale. La dualité entre les entreprises onshore et offshore crée un terrain de jeu inégal, ce qui limite la croissance des entreprises nationales».
«Le succès du secteur offshore démontre néanmoins les avantages de la réglementation légère. Des Incitations appropriées visant à encourager les exportations également pour les entreprises onshore pourrait à la fois réduire la dualité et accélérer la croissance», a recommandé l’étude.