à Rome (Photo : Alberto Pizzoli) |
[21/05/2013 14:59:03] ROME (AFP) Le chef du gouvernement italien Enrico Letta a déploré mardi “l’hypocrisie incroyable au niveau européen” dans la lutte contre la fraude fiscale, à la veille d’un sommet à Bruxelles consacré à ce phénomène mais aussi à l’énergie.
“De nombreuses personnes ont cité la question des paradis fiscaux et je partage la nécessité d’en faire davantage” dans la lutte contre ce phénomène “mais le problème est que sur ce sujet il y a une hypocrisie incroyable au niveau européen”, a déclaré M. Letta devant les sénateurs italiens.
Le nouveau chef du gouvernement, dont c’est le premier sommet européen, présentait aux élus de la péninsule les positions italiennes à la veille de ce sommet.
Quand la volonté de lutte contre les paradis fiscaux “doit être appliquée, elle a des conséquences qui ne plaisent pas à certains car elle entraîne des pertes de revenus faciles”, a-t-il ajouté, sans nommer aucun Etat.
Les ministres des Finances des 27 ont décidé mardi de confier un mandat à la Commission européenne pour renégocier les accords fiscaux avec la Suisse, Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Liechtenstein. Mais ils ont échoué à se mettre d’accord sur le point le plus important: faire adopter à l’unanimité la révision d’une loi européenne, en souffrance depuis 2008, sur la fiscalité de l’épargne.
Cette loi prévoit l’échange automatique d’informations de certaines données bancaires. L’idée est à terme de la renforcer et d’en étendre le champ d’application, notamment à l’assurance-vie.
Or, l’Autriche et le Luxembourg, farouches défenseurs du secret bancaire, n’ont pas complètement levé leurs restrictions, contrairement à ce qu’espéraient leurs partenaires, arguant qu’il fallait au préalable des négociations abouties avec les pays tiers comme la Suisse, ce qui va prendre du temps.
“A un moment où tous les Etats demandent des sacrifices à leurs propres citoyens pour assainir les comptes, la lutte contre la fraude fiscale est un impératif moral, un objectif incontournable”, a ajouté M. Letta.
“La lutte contre la fraude et l’évasion fiscale internationales représente un problème qui impose des solutions coordonnées à l’échelle internationale, il faut imposer la transparence et la timidité n’est plus admise”, a martelé le chef du gouvernement italien.
Le conseiller diplomatique de la présidence du Conseil italien, Armando Varricchio, a précisé par la suite lors d’un briefing avec la presse que le fait même que le Conseil européen en parle est important.
“Quand les chefs d’Etat et de gouvernement s’occupent de la fiscalité, cela représente un message fort pour tous les citoyens de l’UE”, a-t-il dit.