Des Japonais passent devant un tableau avec les indices de la Bourse de Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
[23/05/2013 06:42:07] TOKYO (AFP) La Bourse de Tokyo a terminé jeudi en très forte baisse de 7,32% à l’issue d’une séance frénétique, après un bond de 80% en six mois qui pourrait avoir provoqué une surchauffe.
A la clôture, l’indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a plongé de 1.143,28 points à 14.483,98 points.
L’indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu de son côté 6,87%, soit 87,69 points à 1.188,34 points.
Le volume d’échange a atteint 7,65 milliards d’actions, du jamais vu depuis la création de cette place boursière en 1949.
Après une ouverture dans le vert, le marché a plongé après l’annonce que la production manufacturière en Chine se contracterait en mai d’après la banque HSBC, ce qui a relancé les inquiétudes sur la croissance dans la deuxième économie mondiale.
“L’indicateur négatif en Chine a provoqué le mouvement de vente”, a expliqué Hirokazu Fujikiki, courtier chez Okasan Securities.
Mais cette statistique décevante n’a été que le déclencheur de vastes prises de bénéfices attendues depuis plusieurs semaines.
“Il n’est pas étonnant que de tels soubresauts se produisent, vu la rapidité avec laquelle le marché (japonais) a grimpé récemment”, a souligné M. Fujikiki.
Le Nikkei a en effet bondi de quelque 80% en six mois, dopé par la perspective d’une politique monétaire autrement plus accommodante de la part de la Banque du Japon (BoJ).
L’indice vedette évoluait ces jours derniers à son plus haut niveau depuis plus de cinq ans, aussi des opérateurs guettaient la moindre occasion pour vendre certains titres achetés beaucoup moins chers et empocher un bénéfice.
Outre l’indicateur chinois, les opérateurs ont été ébranlés par la mauvaise tenue du marché obligataire, agité depuis que la BoJ a considérablement assoupli le 4 avril sa politique monétaire pour vaincre la déflation qui entrave l’économie nippone depuis une quinzaine d’années.
Le taux de l’obligation d’Etat japonaise à dix ans avait chuté à son plus bas niveau historique — 0,315% — le lendemain de cette annonce.
Mais l’incertitude a plané depuis sur les conséquences pour le marché obligataire, car la BoJ prévoit d’acheter sur le marché secondaire l’équivalent de pas moins de 70% des obligations émises chaque mois par l’Etat.
Ces doutes ont poussé de nombreux détenteurs d’obligations publiques à se délester de leurs titres, ce qui a fait monter leur taux d’intérêt (qui évolue dans le sens inverse des prix, c’est à dire que les taux montent lorsque l’offre est supérieure à la demande).
Le taux de l’obligation d’Etat à dix ans, qui fait référence, a dépassé dans la matinée le seuil symbolique de 1% pour la première fois depuis plus d’un an.
Pour tenter de calmer le marché, la BoJ a mis 2.000 milliards de yens (15 milliards d’euros) à disposition des banques pour leurs opérations courantes. Le taux de l’emprunt à dix ans est ensuite repassé sous 1%.
L’institut d’émission a expliqué avoir mis ces fonds à disposition, sous la forme de prêts à court terme, pour faire face “à l’augmentation excessive de la volatilité des taux d’intérêt à long terme”.
Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a cherché aussi à rassurer.
“La Banque du Japon met en place une instance de dialogue avec les acteurs du marché de façon à ce que les taux d’intérêt soient stabilisés. Nous pensons que tout ceci est géré de façon appropriée”, a-t-il assuré.
Sur le marché des changes, le yen a fortement rebondi, après avoir perdu 25% de sa valeur en six mois face au dollar et à l’euro. Peu après 06H00 GMT, le dollar ne cotait plus de 101,60 yens, contre 103,10 vendredi à 21H00 GMT, et l’euro 130,40 yens, contre 132,58 yens vendredi soir.
“Le marché pourrait entrer dans une période de correction après la forte chute du yen et la montée des actions” de ces derniers mois, a prévenu Daisuke Karakama, cambiste chez Mizuho Corporate Bank.