Ultime réunion sur le projet de réorganisation de la Banque de France

[24/05/2013 07:02:00] PARIS (AFP) Les représentants des salariés de la Banque de France, inquiets des effets de la vaste réorganisation de l’institution, espèrent obtenir du gouverneur Christian Noyer, vendredi lors du comité central d’entreprise (CCE), des aménagements du plan prévoyant de 1.700 à 2.100 suppressions de postes d’ici à 2020.

“On attend encore des annonces par le gouverneur Christian Noyer pour faire évoluer la cartographie (des sites visés) et c’est essentiellement sur ce point que nous allons faire porter les débats demain”, à l’occasion du dernier CCE, a affirmé jeudi Danielle Brunel, secrétaire générale du premier syndicat de la Banque, le SNA.

L’institution avait annoncé l’an passé une réorganisation de son réseau et la suppression de 1.700 à 2.100 postes à l’horizon 2020, pour accompagner le “choc démographique” des 5.000 départs à la retraite anticipés d’ici cette date.

“On a beaucoup négocié le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). On va essayer de faire encore des demandes mais il y aura quand même des dégâts”, a-t-elle ajouté, déplorant de nombreuses “zones d’ombres” sur la mise en oeuvre de la réorganisation à l’horizon 2020.

Le plan de réorganisation initial a d’ores et déjà évolué depuis sa présentation avec des propositions faites par la Banque de France en avril, compte tenu des rapports d’expertise présentés par les salariés. Mais, selon la représentante du personnel, depuis ces aménagements du 18 avril “la cartographie reste figée” et “sa philosophie “inchangée”.

photo_1369374080482-1-1.jpg
à Paris (Photo : Eric Piermont)

Ce plan aménagé prévoit la fermeture de 15 services de tri de billets entre 2013 et 2015. Une seconde phase de fermeture est prévue à l’horizon 2020 sans calendrier défini.

Pour ce qui concerne les sites traitant de la gestion des dossiers de surendettement et les services d’analyse économique, les fermetures ou réductions d’activité devraient intervenir à partir de 2016.

Lettre au président Hollande

Une partie des salariés de la Banque a fait grève pour peser sur la réorganisation prévue, mardi, à l’occasion d’une réunion de la Commission mixte paritaire, instance de négociation, la dernière avant l’ultime CCE de vendredi.

L’intersyndicale a en outre lancé un appel au président François Hollande, dans une lettre où elle dénonce le projet de réorganisation qu’elle juge porteur d'”une grave menace” pour les usagers.

photo_1369374185284-1-1.jpg
és contre les suppressions de postes le 29 janvier 2013 (Photo : Lionel Bonaventure)

“Nous ne pouvons comprendre la logique d’une telle dévitalisation de la présence de notre institution dans les territoires et les bassins d’emplois”, estime le personnel de la Banque dans cette lettre. “Ce serait là sacrifier un outil essentiel pour combattre la crise financière et mettre en oeuvre une politique de croissance en France et en Europe”, ajoute-t-il.

Le personnel critique également “la centralisation du traitement des dossiers dans des centres régionaux, à la fois pour le surendettement et pour l’analyse ou la cotation des entreprises”.

De nombreux élus ont apporté leur soutien aux salariés de la Banque de France. Le maire de Saint-Denis, Didier Paillard (PCF), a dit à l’AFP craindre un “démantèlement d’un service public de qualité” réalisé actuellement par les agents de la Banque de France qui sont “juges de paix d’une analyse économique précieuse”.

Lionel Delville, responsable au service des entreprises à la succursale de Saint-Denis, qui doit fermer d’ici 2020, évoque pour sa part un “risque de traitement de masse des dossiers, un risque de cotations automatiques et d’une déperdition de la qualité”.