Je
n’ai guère l’habitude de critiquer le fonctionnement de nos institutions dans
leur activité journalière, mais souvent un détail vous fait sursauter et vous
fait arracher les quelques cheveux qui vous restent…
Toute la semaine dernière, comme des millions de Tunisiennes et Tunisiens, je
tremblai pour mon pays menacé par le typhon salafiste qui menaçait de balayer la
ville sainte de Kairouan. Une amie ivoirienne m’a même appelée pour me demander
des nouvelles de la Tunisie et me souhaiter de passer un bon dimanche…
D’autre part, je voyais impuissante notre économie s’effondrer, les hôtels
désertés, et le soir quand quelqu’un se déplaçait, il téléphonait régulièrement
pour informer sa famille de son circuit et du niveau de la sécurité de la voie
qu’il empruntait; et aussi le soir la télé n’offrait pas de spectacle
réjouissant entre les débats qui n’en finissaient pas sur nos chaînes… les
navets de CANAL+ et les intrigues du palais de Soliman le magnifique…
Et je cherchai désespérément une information qui allait me rassurer, m’apporter
du baume au cœur, mais rien ne pointait à l’horizon quand soudain une
information stratégique de la plus haute importance attira mon attention: un
ministre déclarait fièrement avoir fait économiser plus de 200.000 DT d’essence
à son ministère depuis qu’il avait équipé les véhicules de son département de
GPS.
Géniale trouvaille qui mérite qu’un ministre en parle en personne d’autant plus
qu’un calcul rapide faisait une économie de l’ordre de 1,5 million de km à un
ministère qui compte presque 300 directions générales et l’un des plus
importants parcs automobiles du pays, qui est présent partout, et dont les
véhicules sont ceux qu’on trouve partout où l’on crée le développement. Cette
économie fait environ 5.000 km par direction… Une broutille!
Je ne voudrais pas dépasser les règles de la bienséance en disant que lorsque
que l’on ne sépare pas le nécessaire de l’utile, l’important du futile, et
surtout ne pas laisser les gens bien intentionnés faire leur travail et servir
le pays, on se fout le doigt dans l’œil. Ainsi, le GPS devient utile pour aller
se faire voir ailleurs.
Et je terminerais ce papier par “no comment“!