Si on s’était limité à croire les conclusions d’une récente étude réalisée par l’Observatoire Ilef pour la protection du consommateur et des contribuables selon lesquelles «près de la moitié des ONG (plus de 6.000) en Tunisie ne se conforment pas aux objectifs proclamés par leurs statuts et exercent des activités déguisées, voire contraires à leur vocation initiale alors que quelque 19% des associations caritatives et à caractère religieux exercent des activités totalement différentes des objectifs assignés par leurs statuts», on serait tenté de désespérer définitivement du tissu associatif dans le pays.
Et pourtant, en dépit de cette instrumentalisation scandaleuse des ONG à des fins politiques, religieuses ou autres, il existe des associations, véritablement militantes, qui font du bon boulot et qui sont parvenues, deux ans seulement après leur création, à faire ce que l’Etat n’a pas pu faire, des décennies durant.
C’est particulièrement le cas de l’Association de développement Almadanya. Selon son président, Lofti Maktouf, avocat aux Etats-Unis et ancien conseiller au FMI, l’objectif de son ONG est d’aider les jeunes démunis des régions à prédominance rurale à accéder, dans des conditions minimales, au savoir et à la connaissance, de disposer d’un minimum de chances pour se créer un emploi, de connaître l’histoire millénaire de leur pays et de profiter de la diversité de ses ressources naturelles (mer, Sahara, forêts, oasis, plaines, parcs naturels…).
Il estime, dans une interview accordée à Radio Express Fm, qu’«au regard de la modestie de ses ressources naturelles, l’avenir de la Tunisie dépendra de l’engagement de la société civile dans les questions de développement et dans l’intensification de l’investissement dans l’éducation laquelle demeure l’ascenseur social le plus indiqué pour le pays».
Concrètement, son association travaille sur une dizaine de projets dont quatre retiennent particulièrement l’attention.
Le premier dénommé «permis de rêver» consiste à financer la formation des jeunes chômeurs dans les zones reculées et principalement agricoles pour l’obtention du permis de conduire. Les résultats sont spectaculaires: 90% des bénéficiaires ont trouvé un emploi après l’obtention de ce document.
Le deuxième, baptisé «Fatma» du nom d’une jeune fille rurale qui a obtenu d’excellents résultats scolaires grâce, entre autres, à l’apport de ce projet. Ce dernier, lancé en partenariat avec la Banque nationale agricole (BNA), consiste à assurer le transport rural (taxis ruraux) des écoliers dans le gouvernorat de Jendouba (nord-ouest). 1.147 écoliers bénéficieront de ce programme durant 3 ans. Des actions similaires sont engagées dans les gouvernorats du Kef, Siliana, Kébili et Mahdia. Quelque 1.285 écoliers sont transportés quotidiennement dans ces régions.
Le troisième porte sur l’organisation annuelle de la lecture. Ce concours, ouvert aux élèves des 6ème et 8ème années de l’école de base et des 1èreet 2ème secondaire, a pour but à faire aimer le livre aux jeunes générations. Ce concours, qui est à sa deuxième édition, est couronné par la distribution de prix aux 200 premiers élèves et écoliers lecteurs.
Le quatrième, dénommé «Racines» a pour but de concevoir et de financer un cycle d’excursions et de sensibilisation au profit de la population scolaire rurale. L’objectif est de les faire visiter les musées du pays et les plus beaux sites naturels du pays.
Pour Lotfi Maktouf, «nos enfants doivent savoir de quelle terre ils viennent pour mieux se mesurer au monde».
«Racines» s’est fixé comme objectif de permettre à tous les écoliers dans la tranche d’âge de 12 à 16 ans de visiter au moins une fois un ou plusieurs lieux significatifs de cette terre tunisienne. Parmi ces lieux, Almadanya a sélectionné Carthage, Dougga, Kairouan, Séjoumi, le Musée du Bardo, Tozeur, Bizerte, les parcs nationaux de Bou-Hedma, Ichkeul, Chaâmbi et Boukornine.
Et pour ne rien oublier, par delà ces projets, l’Association Almadanya présente l’avantage d’être apolitique et de ne pas refuser le partenariat ni avec le public ni avec le privé. C’est une nouvelle mentalité. Tant mieux.