Pétrole : malgré des turbulences, l’Opep s’achemine vers un nouveau statu quo

[28/05/2013 17:43:36] PARIS (AFP) L’Opep devrait maintenir vendredi à Vienne son plafond de production, les prix du pétrole s’étant stabilisés à des niveaux élevés après leur récente correction, et tenter d’avancer sur la succession délicate de son secrétaire général.

Les ministres du pétrole de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole se réuniront vendredi matin dans la capitale autrichienne, siège du cartel fondé en 1960, qui assure environ 35% de la production mondiale d’or noir.

Les analystes s’attendent à ce qu’ils laissent inchangé le plafond de production collectif des 12 membres du cartel, fixé à 30 millions de barils par jour (mbj) fin 2011.

“Il ne faut pas attendre grand chose de neuf, le statu quo reste de mise pour le moment”, a déclaré à l’AFP Andrey Kryuchenkov, analyste de la banque russe VTB.

En effet, depuis la précédente réunion en décembre, l’équilibre des forces n’a guère bougé, malgré un récent coup de semonce sur le marché pétrolier.

Le cours du baril de Brent à Londres, arrimé depuis l’automne autour de 110 dollars, était retombé en avril sous les 100 dollars pour la première fois depuis l’été dernier.

Un coup de froid provoqué par des craintes sur la demande, couplées à des réserves pétrolières surabondantes aux Etats-Unis.

Mais les cours se sont redressés ces dernières semaines au-dessus du seuil crucial de 100 dollars, soit le prix jugé “satisfaisant” par l’Arabie saoudite, chef de file de l’Opep. Et comme, le relève M. Kryuchenkov, c’est “un niveau rentable et décent pour la plupart des membres” du cartel.

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étrole Ali al-Nouaïmi, le 28 mai 2007 à Ryad (Photo : Fahd Shadid)

Le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi a ainsi déclaré à son arrivée mardi à Vienne que le marché était “bien approvisionné” et était “dans un environnement idéal”, selon l’agence Dow Jones Newswires.

Son confrère des Emirats arabes unis, Suhail al-Mazroui, fidèle à la ligne saoudienne, avait quant à lui jugé lundi le niveau actuel des cours “convenable et équitable”.

En revanche, la baisse printanière a donné du grain à moudre à l’Iran, qui a réitéré ses appels à diminuer la production pour faire remonter les prix (d’autant que sa production nationale a elle-même chuté à cause des sanctions internationales). Les cours “ne correspondent pas à nos aspirations”, s’est ainsi plaint au début du mois son ministre Rostam Ghassemi.

Il a reçu lundi l’appui de Rafael Ramirez, son homologue du Venezuela, qui s’est dit “disposé à une baisse de production” si l’Opep la jugeait nécessaire pour protéger les cours.

Nouveau secrétaire général nommé en fin d’année

Parallèlement, la production effective de l’Opep, qui a longtemps dépassé largement sa cible, “est proche depuis quelque temps du plafond commun”, et devrait continuer à s’en rapprocher, observe Damien Cox, du cabinet EnergyQuote JHA. Elle s’est établie à 30,7 mbj en avril, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Par ailleurs, réduire le débit, comme le prône Téhéran, risquerait, en faisant remonter les cours, d’affaiblir par contrechoc une économie mondiale toujours fragilisée par l’Europe, et donc de ralentir au final la demande d’hydrocarbures.

A contrario, l’Arabie saoudite pourrait avoir intérêt à laisser ses vannes ouvertes pour faire baisser un peu plus les cours.

Cela lui permettrait de faire d’une pierre deux coups : redonner un peu d’élan à l’économie mondiale, tout en sapant le développement de la production de pétrole hors Opep, comme celle du brut non-conventionnel en Amérique du Nord, plus coûteuse que l’extraction classique (et qui nécessite donc des cours élevés).

L’AIE avait présenté récemment l’envolée de la production pétrolière nord-américaine comme une menace potentielle pour l’influence de l’Opep.

Enfin, les ministres devraient tenter de rapprocher leurs points de vue sur la succession du secrétaire général, le Libyen Abdallah El-Badri, en fonctions depuis 2007. Mais le choix de son successeur n’est pas pour tout de suite.

Faute de consensus autour d’un candidat, l’Arabie Saoudite, l’Irak et l’Iran se disputant jusqu’ici le poste, le Libyen avait été prolongé en décembre dernier pour un an.

En avril, il avait lui même indiqué que les critères de sélection de son remplaçant seraient discutés le 31 mai. Tout en ajoutant que la nomination elle-même n’interviendrait que lors de la réunion suivante, programmée en décembre.