Des professionnels de la micro-finance ont fait état de leurs craintes face à l’entrée de sociétés étrangères anonymes sur le marché des micro-crédits en Tunisie, estimant que l’activité des 289 associations tunisiennes de la micro-finance est menacée.
 L’introduction de ces sociétés étrangères va porter atteinte à l’activité des associations tunisiennes de micro-finance et favoriser la hausse des taux d’intérêt appliqués aux micro-crédits, a mis en garde M. Hamadi Hammami, représentant du syndicat des associations d’octroi de micro-crédits, lors d’une séance d’audition organisée, mardi, au Bardo.
La commission des finances a auditionné, à cette occasion, des représentants des ministères de l’emploi et des finances, de la fédération tunisienne des micro- crédits et du syndicat national des associations d’octroi de micro-crédits pour éclaircir certains points ayant retardé l’approbation du décret numéro 117 de l’année 2011 relatif à la micro-finance.
En vertu de ce décret, les institutions de micro-finance qui sont constituées sous forme de sociétés anonymes doivent disposer d’un capital minimum de trois millions de dinars alors que les avoirs de celles se présentant sous forme d’associations de micro-finance doivent égaler 200 000 dinars.
La non approbation du décret 117 pourrait entraver l’accès des associations au financement selon les représentants du domaine. La Tunisie compte actuellement 289 associations de micro-crédits, lesquelles emploient environ 1200 personnes en plus de l’association non gouvernementale «Enda ».
Enda a accordé, jusqu’ici, plus de 1,5 million de crédits en Tunisie. M. Salah Dhibi, représentant de la fédération tunisienne de développement et des micro-crédits, a recommandé de créer des groupements d’associations dans chaque gouvernorat, qui seraient capables, selon lui, de fournir les enveloppes de financement nécessaires, vu que les associations ne peuvent pas assurer, à elles seules, ces financements.
De son côté, M. Naoufel Jammeli, ministre de la formation professionnelle et de l’emploi, a préconisé d’étudier la capacité de l’économie tunisienne à accueillir des institutions de micro-finance, estimant que la dotation associative minimale fixée à 200 000 dinars limitera l’activité des associations, notamment, celles actives dans les régions intérieures et qui souffrent d’ores et déjà de problèmes de financement, d’après le ministre.
Il a appelé à mentionner l’obligation de l’assistance que les associations de micro-crédits doivent apporter aux promoteurs, d’autant que les données publiées à ce sujet, révèlent que l’activité de ces associations est limitée, à l’octroi de crédits.
Pour sa part, M. Chedly El Abed, secrétaire d’Etat auprès du ministre des finances, a souligné que les associations de micro-crédits souffrent de l’absence de dispositifs de bonne gouvernance et d’un système d’informations, outre la non conclusion de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) de contrats programmes avec la plupart des associations au titre de 2013.
Il a appelé à la nécessité d’activer l’examen du décret 117, de fixer la contribution des institutions étrangères de micro-finance, de créer des sociétés nationales anonymes de financement et de fixer le taux d’intérêt appliqué aux micro- crédits.
De son côté, le constituant Moncef Cheikrouhou a suggéré de développer les instruments de la finance islamique et de les adopter en tant que mécanisme de financement au sein des associations de micro-crédits.
WMC/TAP