Moody’s vient d’annoncer la dégradation de la notation de la Tunisie de Ba1 à Ba2, avec perspective négative. Moody’s motive la dégradation de la notation, notamment par:
– L’incertitude politique persistante de la Tunisie et le risque d’instabilité;
– La fragilité des banques appartenant à l’État sous-capitalisées
– Les pressions externes importantes sur la balance des paiements et les finances publiques de la Tunisie.
La persistance de l’incertitude politique et la détérioration des indicateurs économiques sont en cause, selon l’agence Moody’s. La notation est également associé à une perspective négative. La même dégradation de la notation (de Ba1 à Ba2) a été attribué à la banque centrale de Tunisie.
Moody’s a également revu à la baisse les plafonds des dépôts bancaires en devises (de Ba3 à Ba2) et des obligations en devises (de Baa3 à Baa2). Pas de changement par contre sur les plafonds des dépôts et obligations en monnaie locale.
Moody’s explique cette nouvelle dégradation par “l’incertitude politique persistante et le risque d’instabilité. Bien que les tensions ont diminué depuis l’assassinat du politicien Chokri Belaid et l’effondrement du gouvernement intérimaire du Premier ministre Hamadi Jebali en Février”. “Le risque d’une nouvelle escalade de l’instabilité politique reste élevé”.
Moody’s estime qu’il y a “un risque significatif de retards supplémentaires pour l’adoption d’une nouvelle constitution ou la création d’un calendrier définitif pour de nouvelles élections, comme l’illustre le récent retard pour la nomination d’un collège électoral par l’Assemblée nationale constituante”.
L’adoption d’une nouvelle constitution et la tenue de nouvelles élections pourrait permettre une reprise économique durable. Tout retard supplémentaire dans le processus politique aurait des conséquences négatives pour la Tunisie, estime Moody’s.
Moody’s pointe également la fragilité du secteur bancaire tunisien, en particulier les banques publiques qui souffrent de la qualité de leurs actifs et d’une sous-capitalisation. La dégradation est en outre motivée par la pression externe sur la balance des paiements et les finances publiques, comme en témoigne la baisse des réserves de change officielles du pays qui couvrent les coûts de seulement 95 jours d’importations (à la fin du mois de mai) .
Moody’s n’exclut pas le déclassement de la note de la Tunisie, notamment dans les cas suivants:
– Une nouvelle crise politique,
– De nouveaux retards dans la fixation d’un calendrier pour l’adoption de la constitution et l’organisation des élections,
– Un nouvel affaiblissement probable de la situation des paiements extérieurs du pays
– La détérioration des équilibres, notamment par une aggravation de la dette.
Même si une mise à niveau est peu probable à court terme, Moody peut changer la perspective de notation de négative à stable en cas de: (1) une transition politique qui élimine les incertitudes et l’instabilité politiques, (2) une reprise soutenue de la croissance économique à pré- les tendances de la révolution, (3) un renforcement substantiel et durable du bilan du gouvernement, et (4) la mise en œuvre du prochain programme d’aide du FMI, ce qui conduit à un renforcement durable de la balance des paiements et la position des paiements extérieurs.