à domicile, le 27 février 2013 dans son appartement de San Francisco (Photo : Justin Sullivan) |
[31/05/2013 21:34:59] WASHINGTON (AFP) Alors que la France, pressée par Bruxelles, se lance dans une nouvelle réforme de son système de retraite, les Etats-Unis ne connaissent pas la même urgence: leur système restera financé jusqu’en 2033, grâce à un fonds de réserve encore bien fourni, a indiqué le gouvernement.
Face à une Europe vieillissante, le dynamisme démographique américain donne aux élus 20 ans pour éviter la catastrophe, mais la réforme de l’Etat-providence fait déjà partie du débat sur le budget et la réduction des déficits. Fin 2012, une remise en cause de l’âge de la retraite à taux plein (67 ans) avait été discutée dans le cadre des négociations sur le “mur budgétaire”; rien n’avait été tranché.
Le rapport annuel du système américain de retraite publique (Social Security), publié vendredi par le gouvernement, estime que les pensions continueront à être versées jusqu’en 2033 sans que les règles actuelles n’aient besoin d’être amendées.
Au-delà, les pensions seront réduites d’un coup d’environ 25% jusqu’en 2087, car le système n’a légalement pas le droit d’entrer en déficit: ce sont donc les pensions qui s’adapteront à la baisse des cotisations sociales.
Environ 46 millions d’Américains touchent actuellement des pensions de retraite ou de veuvage du système de répartition américain, créé en 1935.
Comme en France, tous les salariés et employeurs contribuent via des cotisations sociales prélevées sur les feuilles de paie.
Mais “les pensions américaines, comparées à la plupart des systèmes de retraite européens, ne sont pas très généreuses”, rappelle Jacob Kirkegaard, de l’Institut Peterson à Washington.
Un programme populaire
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pensions équivalent à 53% du dernier salaire net, pour un salaire médian, contre 72% en moyenne dans les 34 pays de l’OCDE, et 61% en France. La plupart des salariés complètent avec une retraite par capitalisation.
âgées font leur marché, le 19 avril 2012 dans le quartier Chinatown de New York (Photo : Spencer Platt) |
Autre facteur expliquant l’équilibre du système: les Etats-Unis avaient pris les devants.
“La raison majeure pour laquelle le système américain est en meilleure santé que les systèmes européens est qu’une réforme a été engagée dès 1983”, explique Jacob Kirkegaard. A l’époque, sous la présidence du républicain Ronald Reagan, l’âge du taux plein a été repoussé de 65 à 67 ans, et les cotisations sociales augmentées. La réforme a permis la constitution du fonds de réserve qui doit compenser la baisse progressive des recettes.
Mais “si les Etats-Unis veulent rester en avance sur sa démographie, il faut réformer le plus vite possible”, avertit le chercheur.
Barack Obama a proposé de faire décrocher les pensions de l’inflation au profit d’un indice plus lent.
D’autres, à gauche, refusent cette concession et préfèreraient augmenter les cotisations des plus riches.
“Il y a beaucoup de façons d’augmenter les recettes”, explique Nancy Altman, de la Coalition pour renforcer les retraites. L’une d’elles consisterait à faire sauter le plafond de revenus de 113.700 dollars annuels au-delà duquel les cotisations sociales ne sont plus prélevées.
Les républicains, qui contrôlent la Chambre des représentants, sont favorables à une baisse ou un ralentissement de la croissance des pensions. Mais l’idée d’une privatisation, proposée en vain par le président George W. Bush en 2005, ne fait plus recette, tant la “Social Security” est populaire.
Selon l’institut Pew, 55% des Américains estimaient en mars que la priorité était de préserver le niveau des retraites, contre 34% qui considéraient que la réduction du déficit était un objectif supérieur.