Depuis le 14 janvier 2011, on n’a pas arrêté de nous casser aussi bien les pieds que la tête avec une transition démocratique sur fond de conflits sociaux, de rivalités politiques déplacées, incohérentes et destructrices; et cerise sur le gâteau, une crise économique aussi bien internationale que nationale. Le prestige de l’Etat, son autorité et ses institutions étaient balayés par les Tunisiens, révoltés qu’ils étaient par une situation de précarité qu’ils ne supportaient plus et un président qui les brimait.
Aujourd’hui, et pour la première fois depuis 2011, les Tunisiens retrouvent un peu de leur sérénité, et pour cause, ils sont heureux de récupérer leur institution sécuritaire qu’ils croyaient infiltrée et définitivement perdue pour eux. Une institution qui a su mettre au pas des terroristes qui menaçaient de mettre le pays à feu et à sang. Nous parlons là d’Ansar Al-Alcharia qui avait voulu se mettre au dessus des lois et défier l’Etat.
Mais revenons un peu en arrière, juste pour resituer les faits. En février 2011, le gouvernement Mohamed Ghannouchi a fini par laisser place au gouvernement provisoire Essebsi. Ceci, après avoir été roulé dans la farine à coups de manifestations et de sit-in (Kasbah I, Kasbah II) et de pressions «exécutées» par une gauche manipulée, une UGTT indomptable, et nombre d’avocats et de représentants de la société civile, «innocents complices», d’un tour de magie joué entre les nouveaux maîtres du jeu et leurs alliés outre mer et outre océans, le dernier Premier ministre de Ben Ali avait été poussé vers la sortie.
Avions-nous alors une alternative? Bien sûr que non. Nos politiques éclairés et notre intelligentsia ingénieuse ont appuyé la création d’une haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution -comme si c’en était une- ainsi que l’élection d’une Constituante. Un cadeau en or aux maîtres de la Tunisie d’aujourd’hui qui voyaient déjà se profiler à l’horizon un Emirat islamique couronnant des manigances qui se sont étalées sur des années aussi bien dans leurs asiles ambrés qu’à l’intérieur de nos frontières.
Iadh Ben Achour, devrait maintenant s’en mordre les doigts mais too late…
Aujourd’hui, nous restons à la merci d’un gouvernement Ghannouchi, cette fois-ci, celui d’un Rached, qui a recueilli sa légitimité des urnes et qui compte bien en profiter en réalisant enfin ses fantasmes pour la réinstauration d’un khalifat, 6ème ou 7ème, tout comme ses «Ikhouan» (frères musulmans) en Egypte qui méditent sérieusement pour l’édification de leur Emirat. Tout le monde a le droit de rêver…
Seulement Ansar Al Charia, pressés de voir accomplis leurs vœux d’un régime islamiste en Tunisie ont accéléré le rythme n’écoutant pas en cela les préceptes de leur père spirituel Rached, lequel, rappelez-vous, leur disait «Patientez et attendez, il faut donner du temps au temps. Et puis, n’oubliez pas qu’aussi bien le ministère de la Défense que celui de l’Intérieur nous échappent encore»… Et il a bien raison même si à cause de l’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui promu chef du gouvernement, nos forces de police ont été empêchées d’arrêter Abou Iadh, ses généraux et ses militants un certain 17 septembre 2012 alors qu’ils étaient tous réunis à la Mosquée El Fath…
Rached Ghannouchi qui, aujourd’hui, ose déclarer qu’Ansar Al-Charia ne sont pas au-dessus de la loi», a été leur premier protecteur les laissant faire la pluie et le beau temps dans notre pays, allant même jusqu’à traiter tous les salafistes et les djihadistes de “ses enfants“ et justifiant la création d’associations telle celle d’Adel Almi, qui militerait pour la promotion de la vertu et la prévention du vice voulant se substituer aux instances officielles.
Pendant ce temps, sur le terrain, la crise socio-économique bat son plein : «Avant, Ben Ali nous clouait la bouche et nous remplissait le ventre, aujourd’hui, notre ventre est vide et nous parlons tout le temps. Mais ce n’est pas ce que nous voulions, nous n’arrivons plus à joindre les deux bouts…», déplore un père de famille qui ajoute «la mort, c’est aussi quand vous voulez acheter à vos enfants un peu de fruits et que vous n’en avez pas les moyens»…
Par contre, des moyens, ils en ont ces groupuscules terroristes financés à coups de millions de dollars venant de toutes parts et surtout des pays du Golfe. Des moyens qui leur ont permis de faire entrer, en catimini, des armes, de fabriquer de faux passeports et de pouvoir accéder à des informations censées être hautement sécuritaires pour fixer leurs objectifs et attaquer nos soldats et nos forces de l’ordre.
La dernière opération dirigée par les forces de police, de la garde et de l’armée nationales, a prouvé qu’il existe une autre légitimité, outre celle des urnes, celle de l’action et des réalisations. En interdisant la tenue du congrès d’Ansar Al-Charia, le ministère de l’Intérieur a rétabli l’ordre en rappelant que seul l’Etat doit détenir la contrainte armée et qu’un Etat qui se respecte ne doit pas se laisser intimider par des hors-la-loi quels que soient leurs prévenances et leurs backgrounds idéologiques.
Du coup, certains observateurs étrangers avisés en matière sécuritaire estiment qu’une nouvelle légitimité vient de voir le jour en Tunisie, celle de la caution accordée par une grande partie du peuple tunisien aux dernières décisions prises par le ministère de l’Intérieur à l’encontre d’Ansar Al-Charia. Une caution, non pas signée dans un bureau de vote mais lue dans les regards des Tunisiens dans la rue qui reprennent confiance en leur institution sécuritaire et en leurs forces de l’ordre. Une attitude qui prouve l’importance accordée par le peuple à sa sécurité et celle de son pays et un refus inné de la violence. La loi et seule la loi doit être au dessus de tout et de tous.