Boeing espère tourner la page des déboires du 787

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Le Boeing 787 Dreamliner dans le ciel de Berlin, le 25 juin 2011 (Photo : Robert Schlesinger)

[03/06/2013 12:55:57] SEATTLE (Etats-Unis) (AFP) Après trois mois d’interdiction de vol de son nouveau 787, Boeing se bat pour rétablir sa crédibilité et conserver l’avantage sur son rival européen Airbus sur le marché des long-courriers.

Les deux avionneurs se partagent les commandes mondiales de nouveaux appareils. Mais si l’Européen vend actuellement plus de petits moyen-courriers que son rival, l’Américain domine toujours le marché plus lucratif des long-courriers.

Le 787 Dreamliner, premier avion construit à 50% en matériaux composites plus légers que les métaux, devait consolider cet avantage sur Airbus. Mais, entré en service avec plus de trois ans de retard en septembre 2011, l’appareil a été interdit de vol dans le monde pendant plus de trois mois à partir de la mi-janvier à la suite de deux graves incidents à bord sur des batteries lithium-ion.

Boeing n’a pas trouvé la cause de la surchauffe à l’origine des ces incidents, mais a renforcé les batteries pour contenir tout risque d’incendie au cas où elle se reproduirait. Tous les 787 en service ont été modifiés et ils reprennent progressivement leurs vols.

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éroport de Boston, le 24 janvier 2013 (Photo : Saul Loeb)

Boeing estime avoir tourné la page, même si, dimanche, la compagnie Japan Airlines (JAL), citée par les agences de presse japonaises, a renoncé à faire voler un 787 après avoir détecté un problème de pression d’air dans le compartiment de la batterie.

Avant cet incident, l’avionneur de Seattle comptait sur l’entrée en service dans les temps du 787-9, version allongée transportant 40 passagers de plus que le 787-8 (soit 250 à 290) pour redorer son blason. Boeing a annoncé dimanche que l’assemblage final du premier Dreamliner 787-9 avait commencé dans les délais prévus.

Spéculations avant Le Bourget

Le 787-9, dont le rayon d’action sera également supérieur à celui du premier modèle, doit effectuer son premier vol au second semestre pour une première livraison début 2014, au moment où Airbus tente de profiter des déboires de son concurrent.

“Les doutes des compagnies aériennes sur la capacité de Boeing à mettre en oeuvre un nouveau programme ont offert une occasion en or à Airbus, qui en profite”, pointe Richard Aboulafia, expert du secteur aéronautique.

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à Everett (Washington) (Photo : Stephen Brashear)

L’Européen, qui a décidé tard de contrer le Dreamliner avec son nouvel A350, lui aussi largement en matériaux composites, s’efforce de le livrer comme promis pour la fin 2014, soit avec seulement un an et demi de retard sur le calendrier initial, et démontrer ainsi qu’il est plus fiable que son rival.

Airbus, qui fait valoir qu’il prend moins de risques technologiques que Boeing, a aussi renoncé à équiper les premiers A350 de batteries au lithium.

Lundi, la compagnie japonaise ANA a d’ailleurs indiqué que cet appareil était un candidat possible au remplacement de ses Boeing 777 arrivant en fin de vie.

L’avionneur de Toulouse entretient habilement les spéculations sur un premier vol de l’A350 avant le salon aéronautique du Bourget qui s’ouvre le 17 juin, détournant ainsi l’attention des projets de Boeing.

La plupart des analystes s’attendent à ce que l’américain annonce au Bourget le lancement du 787-10, la plus grosse version du Dreamliner qui pourra transporter jusqu’à 320 passagers. Sans attendre, la compagnie Singapore Airlines a fait savoir jeudi qu’elle voulait en commander 30.

Lors de présentations à la presse à Seattle la semaine dernière, Boeing a insisté sur l’automatisation progressive de la production qui lui permet d’augmenter les cadences et de réduire les coûts.

Ainsi, des robots sont entrés en service fin mars pour peindre les ailes des long-courriers 777. D’ici l’été, toutes les ailes de ces long-courriers seront peintes automatiquement, avec un gain de temps de 44% sur la peinture à la main, a expliqué Jason Clark, le directeur de la production des 777.

Car Boeing conserve un net avantage sur Airbus en termes de rentabilité.