Longtemps négligée par les opérateurs économiques tunisiens, en tant que vecteur de financement de leurs activités, la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) tend à gagner en attractivité. «Avec sept introductions déjà réalisées et 2 ou 3 autres prévues d’ici la fin de l’année, 2013 devrait être une année record», observe Férid Ben Brahim, directeur général d’Axis Bourse.
Ayant très tôt capté cette lame de fond, le groupe Axis veut accompagner le mouvement et l’aider à se développer, notamment parmi les groupes. «Nous sentions depuis 3 à 4 ans un intérêt et un questionnement croissants chez nos clients qui pensent aller en Bourse», explique Ahmed Benghazi, directeur général d’Axis Capital. Qui, pour répondre à cette attente, a lancé une véritable campagne de charme avec un séminaire sur la restructuration des groupes par la Bourse.
Comme le confirme la dernière expérience en date –celle de One Tech Holding, la holding du groupe contrôlé par la famille Sellami-, la restructuration en vue d’aller en Bourse «n’est pas simple», souligne Ahmed Benghazi. Elle s’impose en place et lieu de la simple cession de parts entre associés –donc «sans paiement d’argent»- qui présente l’inconvénient, selon le commissaire aux comptes Mahmoud Zahaf, de ne pas permettre à l’opérateur concerné par l’introduction en Bourse de bénéficier de l’avantage fiscal accordé dans ce cas.
La restructuration peut également être une finalité en elle-même, fait remarquer Ghazi Meziou. «Les entreprises peuvent aller en Bourse pour se restructurer lorsque leur développement s’est fait sans réflexion préalable, donc de manière un peu opportuniste liée aux avantages fiscaux», fait remarquer l’avocat. Un groupe qui décide à un moment donné de sortir de cette situation ne peut pas recourir à la cession de titres «car elle est fortement taxée», note-t-il.
Tout le monde en convient: la restructuration est un exercice fort complexe. D’après Ghazi Meziou, cette complexité tient à plusieurs facteurs: la structure initiale d’un groupe, le nombre de ses filiales, les participations croisées, les pactes d’actionnaires, l’existence ou pas d’une participation étrangère, etc. De ce fait, ce chantier est lourd à gérer et consommateur d’énergie. L’énergie des différents organes du groupe qui sont appelés à prendre un grand nombre de décisions.
Les préalables…
Une fois la décision d’aller en Bourse est prise, le top management doit arrêter un plan stratégique présentant clairement les différents pôles d’activité du groupe et définissant leurs axes de développement. Le business plan doit avoir «un horizon ni trop long ni trop court. La pratique en Tunisie est de le faire sur une période de cinq ans», note Emna Kallel, directrice exécutive d’Axis Capital. Surtout, «il faut être réaliste, c’est-à-dire pas trop optimiste, et avoir de la cohérence entre les différentes hypothèses».
Quelques préalables sont à réunir pour réussir le chantier de la préparation et de la réalisation d’une introduction en Bourse –qui dure en moyenne neuf mois. Il est d’abord nécessaire que les dirigeants adhèrent au projet et de désigner un pilote. Ensuite, la cohésion au sujet des objectifs doit régner entre les actionnaires qui sont également tenus de prendre clairement position sur des choix fondamentaux (prix minimum d’introduction, engagement de non cession des actions, politique de distribution des dividendes, etc.). Respecter le calendrier est une autre obligation, ainsi que la prise des précautions spécifiques (autorisation de la BCT, accords nécessaires en vertu d’un pacte d’actionnaires à établir en amont, etc.).
Autant de conseils dont les patrons de plusieurs groupes –déjà engagés sur la voie de l’introduction en Bourse, ou encore en pleine réflexion- ont pris bonne note.