Hollande appelle l’Europe à s’inspirer de la politique de croissance du Japon

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çois Hollande (G) et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 7 juin 2013 à Tokyo (Photo : Bertrand Langlois)

[07/06/2013 10:32:32] TOKYO (AFP) Le président français François Hollande a appelé indirectement l’Europe à s’inspirer de la politique de soutien à la croissance du Premier ministre nippon Shinzo Abe, vendredi lors d’une visite d’Etat au Japon.

M. Hollande a fait l’éloge des initiatives prises par M. Abe depuis son arrivée en décembre à la tête de la troisième puissance économique mondiale qu’il a promis de relancer.

“Cette priorité donnée à la croissance, cette volonté de lutter contre ce qui est appelé ici déflation, cette exigence de faire en sorte que la compétitivité des entreprises soit recherchée en même temps afin qu’il puisse y avoir un soutien à l’activité, c’est une bonne nouvelle pour l’Europe, parce qu’en Europe aussi nous avons à donner priorité à la croissance”, a estimé le président français.

Cette politique, surnommée “Abenomics”, comprend des dépenses budgétaires de soutien à l’économie et un assouplissement monétaire considérable de la part de la Banque du Japon, dont le gouverneur a été désigné en mars par M. Abe.

Elle comporte aussi un volet pour doper l’investissement des entreprises, via des dérégulations, dont M. Abe doit toutefois encore fournir les modalités concrètes.

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éunion à Tokyo, le 7 juin 2013 (Photo : Toru Yamanaka)

M. Hollande a concédé que les deux pays connaissaient “des situations différentes”, le Japon disposant par exemple d’une banque centrale autonome alors que la Banque de France est sous l’autorité de la Banque centrale européenne (BCE): “Le Japon peut décider sa politique monétaire souverainement”, a constaté le président français.

Mais le Japon est sorti fin 2012 de six mois de récession et affiche aujourd’hui un retour de la croissance, même s’il est encore difficile d’en attribuer le mérite aux Abenomics. Aussi ce vent nouveau a-t-il suscité un vif intérêt dans la délégation française de sept ministres et d’une quarantaine de patrons qui accompagnent M. Hollande, en plein débat européen sur le degré de rigueur budgétaire et monétaire à tenir pour maîtriser les déficits sans renoncer à la croissance.

“Partenariat d’exception”

Au plan bilatéral, la première visite d’Etat d’un président français au Japon depuis 17 ans a été marquée par le lancement d’un “partenariat d’exception”, qui se veut une “étape supplémentaire” dans l’amitié franco-japonaise d’après M. Hollande.

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çois Hollande (G) et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 7 juin 2013 à Tokyo (Photo : Bertrand Langlois)

Sur le plan économique, les deux pays ont signé une série d’accords de coopération, notamment sur les usines de retraitement nucléaire, les investissements, l’espace et le tourisme.

Frappés l’un et l’autre par la prise d’otages sanglante du site gazier algérien d’In Amenas en janvier, la France et le Japon ont décidé côté diplomatique de créer une enceinte de dialogue “2 + 2”, avec leurs ministres des Affaires étrangères et de la Défense.

“Nos deux pays doivent prendre le leadership pour la paix et la sécurité”, a souligné M. Abe, tandis que M. Hollande a plaidé pour que le Japon devienne membre du Conseil de sécurité de l’ONU, comme la France, lors d’un discours devant le Parlement nippon.

A cette occasion, le président français s’est dit “préoccupé” par les tensions régionales autour du Japon, principalement avec la Chine, appelant à une résolution des différends par “le dialogue et le respect du droit international”.

Il a invité les deux géants asiatiques à s’inspirer de l'”exemple” de la réconciliation franco-allemande, un cas qui suscite beaucoup d’intérêt au Japon dont les relations avec ses voisins restent ternies par les souvenirs douloureux de la Seconde guerre mondiale.

Paris et Tokyo se sont engagés en outre à renforcer leur coopération culturelle, tant pour les arts que pour la gastronomie, des domaines d’admiration mutuelle entre Français et Japonais.

Au deuxième et avant-dernier jour de sa visite, M. Hollande a visité des laboratoires et petites sociétés innovantes françaises qui réussissent en partie grâce à des partenariats avec des Japonais. Il a également été reçu par l’Empereur du Japon, Akihito, avec qui il devait présider un dîner d’Etat.