Les hommes d’affaires ont-ils les reins solides pour conquérir l’Afrique?

Par : TAP

Les hommes d’affaires tunisiens en déplacement à Dakar, dans le cadre d’une mission économique de deux jours (6 et 7 juin 2013), ont été unanimes pour souligner que “dans cette conjoncture marquée par une stagnation économique dans la Zone euro, premier partenaire de la Tunisie, l’Afrique est devenue un choix incontournable”.

Dans des déclarations à l’envoyée spéciale de TAP, ils ont affirmé qu’il est temps “de changer le regard de l’investisseur tunisien sur l’Afrique et de repenser les méthodes d’agir pour tirer meilleur profit des potentialités que le continent offre dans des domaines tels que les technologies, l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, la santé et autres”.

Les membres de la délégation tunisienne, composée de responsables d’environ 60 entreprises opérant dans les secteurs de l’agroalimentaire, le textile, les nouvelles technologies, les bureaux d’études et l’audit, ont eu des entretiens et des contacts BtoB avec des opérateurs et hommes d’affaires sénégalais.

Naceur Hidoussi, directeur de la société “Hexabyte”, a déclaré que “le modèle de développement en Europe est arrivé à un point de stagnation et que l’Afrique est, désormais, l’alternative que nous cherchons”.

“Un retard rattrapable du retour vers l’Afrique”

“L’intérêt porté aujourd’hui par les investisseurs tunisiens à la destination africaine est arrivé, un peu, en retard par rapport à d’autres pays tels que la France, le Maroc et le Liban, pays qui investit en Afrique depuis 20 ans”, a-t-il dit.

Il a reconnu, toutefois, qu’il y a espoir de se rattraper pour peu que les opérateurs tunisiens persévèrent dans leurs tentatives de conquérir le Continent et de s’y arracher des parts de marchés.

L’homme d’affaires a ainsi imputé le niveau modeste de coopération entre la Tunisie et l’Afrique au “peu d’informations dont disposent les investisseurs tunisiens sur le potentiel du marché africain, puisque ceux-ci sont restés, longtemps, tournés vers l’Europe”.

Il a qualifié de “très positives”, les rencontres entre les businessmen tunisiens et leurs homologues sénégalais, relevant que sa société “œuvre sérieusement à trouver des débouchés sur le marché sénégalais”.

Elyes Grar, directeur d’une société d’informatique a souligné, lui, que “l’Afrique est, aujourd’hui, la seule alternative pour les hommes d’affaires tunisiens, en attendant l’édification de l’espace maghrébin et la reprise dans les marchés traditionnels”.

Cette visite lui a permis, a-t-il ajouté, de prospecter des opportunités de partenariat avec des entreprises du Sénégal.

Les investisseurs tunisiens manquent de courage…

En ce qui concerne la faiblesse de l’investissement tunisien en Afrique, il pense que “ce qui manque aux opérateurs tunisiens, est l’audace et la persévérance”.

D’après ses dires, l’investisseur tunisien cherche toujours des projets faciles et prêts, contrairement aux opérateurs marocains et turcs qui s’aventurent et qui se lancent dans des projets, même, dans des pays où se trouvent encore des troubles tels que la Libye et le Mali.

Le directeur de la société “Rayen” de commerce extérieur, Belhassen Zemni estime, pour sa part, que “l’Afrique peut devenir l’issue de secours pour l’économie tunisienne à l’heure actuelle et une source pour faire entrer les devises au pays, à travers les échanges commerciaux”. A son avis, “les chances de réussite des investisseurs tunisiens en Afrique sont énormes”.

Le Sénégal a besoin, d’après lui, du savoir et de la technologie, notamment dans le domaine de transformation des produits agricoles et le développement des énergies renouvelables, filières dans lesquelles, l’expertise tunisienne est reconnue.

Taher Bahroun, directeur d’une société spécialisée dans les matériaux de construction, est allé jusqu’à dire que “l’investisseur tunisien doit arracher sa part de marché en Afrique”.

Ses contacts avec des opérateurs sénégalais pourraient aboutir à des projets concrets, a-t-il espéré, appelant à accroître les rencontres entre les représentants des milieux d’affaires dans les deux pays.

WMC/TAP