économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, le 23 janvier 2013 à Washington (Photo : Stephen Jaffee) |
[08/06/2013 13:05:44] PARIS (AFP) Le Fonds monétaire international et les Européens ont “perdu du temps” dans le sauvetage financier de la Grèce, en refusant de réduire dès 2010 le fardeau de sa dette, a reconnu l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, dans un entretien diffusé samedi par la radio publique française France Inter.
“En effet ça n’a pas été idéal (…) on a probablement perdu du temps”, a reconnu l’économiste français, interrogé sur le mea culpa fait par son institution. Le FMI a récemment admis des “erreurs notables” dans le premier plan de sauvetage de la Grèce il y a trois ans.
“Bien sûr, il aurait fallu être prêt à renégocier la dette au départ, à donner un peu plus d’air à la Grèce de manière à ce qu’elle puisse s’en sortir plus facilement, mais dans le contexte européen de l’époque, les conditions n’étaient pas prêtes”, a-t-il expliqué.
Le FMI, a-t-il dit, avait alors préconisé une restructuration, c’est-à-dire une réduction du poids de la dette grecque, mais les Européens y étaient totalement opposés, redoutant les effets de contagion à d’autres pays.
Cette solution s’est finalement imposée un an plus tard, mais toujours pas de manière décisive, selon M. Blanchard. “La dette est encore assez élevée”, et cela a des effets aujourd’hui, les investisseurs rechignant toujours à prêter à la Grèce, a-t-il affirmé.
“L’effet d’une dette très lourde, ça ralentit le retour de la Grèce à un équilibre acceptable”, a-t-il ainsi averti, soulignant que la leçon principale à retenir était qu’il fallait toujours affronter la réalité.
“Quand un pays a un poids de dette insupportable, il faut accepter la réalité et diminuer ce poids de dette”, a-t-il jugé.
Revenant sur la sous-estimation par le FMI de l’effet des politiques d’austérité sur la croissance, reconnue par l’institution à l’automne dernier, M. Blanchard a reconnu une erreur d’appréciation.
“Il n’y a pas de doctrine, on se base sur la théorie, sur ce qui s’est passé dans beaucoup de pays auparavant, et quelquefois on se trompe”, a-t-il affirmé.
“On a fait de notre mieux au cours du temps”, mais le FMI n’applique pas une doctrine, il fait preuve de “pragmatisme par rapport à une réalité terriblement complexe”, a-t-il ajouté.
M. Blanchard a enfin attribué le retard de croissance en Europe au déficit de confiance qui touche le vieux continent, et particulièrement la France, pays qui pourtant, “fondamentalement, ne se porte pas trop mal”.