Le
communiqué publié jeudi 6 juin 2013 par le haut comité de l’Union pour la
Tunisie, est tombé comme un couperet sur certains «Joumhouristes», lesquels, en
adoptant clairement une démarche consensuelle avec leurs rivaux de la majorité
régnante, risquent d’y perdre les ailes et le peu d’électeurs qui croient encore
en eux.
A force de crier haut et fort qu’Ennahdha, parti majoritaire au pouvoir, est
incontournable, les Chebbi, Jeribi et autres ne font qu’ajouter à la confusion
des centaines de milliers de Tunisiens qui ne savent plus à quels saints se
vouer dans cette cacophonie des opinions et positions politiques désarticulées…
Lesquelles positions, loin de servir le pays et les intérêts de la nation,
évoluent en fonction des ambitions personnelles de ceux qui croient encore
qu’ils sont voués à une destinée nationale. Une investiture suprême qu’ils ne
méritent pas car, à trop embrasser, on finit par mal étreindre, et à vouloir
tout avoir, on finit par tout perdre.
Ces personnes, qui avaient convaincu le peuple qu’elles étaient une véritable
opposition et qu’elles pouvaient offrir une réelle alternative, ont oublié que
seuls les Tunisiens sont incontournables, eux électeurs potentiels et maîtres du
choix de leur avenir. Ils ont négligé que les partis incompétents sans force de
proposition ou projet d’avenir peuvent être largués aussi facilement que l’on
largue les amarres d’un navire prêt à partir laissant les lâches, faibles et
instables sur le quai.
Que Néjib Chebbi, ou la secrétaire générale d’Al Joumhouri, Maya Jribi, soutenue
par Issam Chebbi, considèrent que le brouillon de la «Constitution dans sa forme
finale garantit les bases de la démocratie», ou pire comme du “papotage
politique” ne peut être en aucun rassurant pour des millions de Tunisiens qui
pressentent une Constitution minée. Et ce rien qu’à y voir des notions telles:
«Le droit à la vie est sacré», comme si nous avions besoin de réaffirmer les
évidences mais qui semble dissimuler un piège, celui de mettre fin à la
politique de la planification familiale qui a permis à la Tunisie d’émerger du
lot dans les pays arabes. Le rôle des femmes n’est-il pas de procréer et
d’éduquer les enfants… Ou encore un autre article tel celui n°6 concernant la
neutralité des lieux de culte ou celui se rapportant aux prérogatives du
président de la République.
Aussitôt les premières déclarations de la SG d’Al Joumhouri diffusées, c’est
Saïd El Aïdi, membre du Bureau politique qui sort pour dire que «les positions
de Maya Jribi et de Issam Chebbi, à propos du dernier projet de la Constitution,
n’engagent qu’eux, qu’elles ne représentent pas la position officielle d’Al
Joumhouri, et qu’il revient aux structures du parti d’exprimer leur position
officielle quant à la Constitution».
Une position qui laisserait présager, pour certains observateurs très proches
d’Al Joumhouri, une possible implosion du parti: «Depuis le congrès du 9 avril
2012, le Parti Démocrate Progressiste a fait des calculs par trop surréalistes
par rapport à son poids électoral. Aujourd’hui le trio Néjib Chebbi- Maya Jribi-Issam
Chebbi perd du terrain et son influence sur la scène politique tunisienne. Ils
jouent le tout pour le tout et veulent se repositionner en se mettant aux
devants de la scène et en se positionnant en tant que possible membre de la
nouvelle Troïka que Rached El Ghannouchi est en train de préparer à feux doux.
En défendant la Constitution mise en place par Ennahdha, et poussant à son
adoption, Al Joumhouri pourrait être le partenaire privilégié de son «rival»
majoritaire, s’assurer de son soutien et peser de tout son poids pour négocier
ou faire monter les enchères face au principal rival du moment, Nida Tounes.
Al Joumhouri est pourtant non seulement l’allié de Nida Tounes mais un membre
important de l’Union pour la Tunisie. Mais pourquoi s’étonner, Jean-Paul Sartre
ne disait-il pas à juste titre à propos de la politique: «Moi j’ai les mains
sales jusqu’aux coudes, je les ai plongées dans la m… et dans le sang. Et puis
après? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment?»
En effet, faire de la politique, c’est reconnaître que dans certaines
situations, on se salit les mains, est-ce à dire que cela doit devenir
systématique? Ou que l’on doive flouer ses électeurs et sous-estimer leur
intelligence? La sanction risque d’être douloureuse, soit des départs par de
dizaines des hautes sphères du parti.