S-P prive encore les Etats-Unis du “triple A” mais se montre plus optimiste

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à la Bourse de Wall Street, le 28 mars 2013 à New York (Photo : Spencer Platt)

[11/06/2013 00:43:06] WASHINGTON (AFP) L’agence Standard and Poor’s, qui a privé les Etats-Unis de leur triple A en 2011, s’est montrée lundi plus optimiste pour la première économie mondiale en révisant la perspective du pays de “négative” à “stable” en raison d’un recul des “risques” budgétaires.

L’agence d’évaluation financière maintient certes la note de la dette du pays à “AA+” mais estime désormais que la probabilité d’un nouvel abaissement à “court terme” s’est quelque peu éloignée et n’est même plus d’une “chance sur trois”, selon un communiqué.

Le Trésor américain est “satisfait” que “les progrès de l’économie américaine et les résultats budgétaires” soient “reconnus”, a indiqué une de ses dirigeantes, Mary Miller, à la presse.

En août 2011, SP avait provoqué une déflagration en retirant aux Etats-Unis son “AAA”, qui leur permettait en principe d’emprunter sur les marchés au coût minimum. L’agence sanctionnait ainsi de longs mois de blocage politique sur le relèvement du plafond de la dette.

Près de deux ans après, les coûts d’emprunt des Etats-Unis sont restés extrêmement bas, mais la situation demeure complexe: faute d’accord politique, des coupes budgétaires massives sont entrées en vigueur en mars et le plafond de la dette doit de nouveau être relevé afin d’éviter un défaut de paiement.

Dans son communiqué, SP note toutefois des “améliorations fragiles” qui ont fait reculer les “risques de dégradation”. Républicains et Démocrates sont ainsi parvenus à un compromis temporaire pour permettre à l’Etat de faire face à ses obligations jusqu’en septembre.

Un nouvel accord bipartisan devra alors être trouvé mais SP estime que ces débats devraient se régler “sans provoquer d’interruptions brutales dans les dépenses actuelles et le service de la dette”.

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à New York (Photo : Emmanuel Dunand)

“Nous ne sommes pas plus insouciants”, a tempéré John Chambers, président du comité sur la dette souveraine chez S&P. “La capacité des élus à mettre les Etats-Unis sur une trajectoire (budgétaire) soutenable est à peu près la même qu’avant, mais nous estimons simplement que les choses ne vont pas empirer”, a-t-il précisé lors d’une télé-conférence.

L’agence note également que le déficit public américain devrait fondre cette année, sous l’effet des coupes budgétaires et de hausses d’impôts en janvier, et creuser moins que prévu la dette abyssale du pays.

“Nous estimons désormais que le ratio entre dette et PIB devrait rester stable dans les prochaines années, autour de 84%, ce qui devrait donner davantage de temps aux élus de prendre des mesures pour régler les pressions liés au vieillissement de la population”, se félicite SP.

Autre point positif, les Etats-Unis continuent d’appuyer sur “une économie résistante” la “crédibilité” de leur politique monétaire, souligne l’agence.

Selon l’agence de notation, le système de prise de décision politique en matière budgétaire reste toutefois une des “faiblesses” des Etats-Unis, en raison de clivages partisans et de visions “diamétralement opposées”, au Congrès, sur la taille idéale de l’Etat fédéral.

Les experts de l’agence mettent également en garde contre tout sentiment “d’autosatisfaction” qui pourrait gagner Washington à l’heure où l’économie américaine semble reprendre des couleurs.

Un tel état d’esprit pourrait déboucher sur “un report des mesures d’assainissement budgétaire actuelles, sur leur annulation” voire sur une “augmentation des dépenses”, a prévenu Nikola Swann, un analyste de S&P sur la dette souveraine, ajoutant qu’un tel scénario pourrait conduire à abaisser la perspective du pays.

A l’inverse, un projet budgétaire “crédible” sur moyen terme serait “utile” aux Etats-Unis dans la perspective de regagner leur triple A, même si ce processus s’annonce très long, a-t-il ajouté.

“Aucun pays n’a fait ça en moins de neuf ans, a précisé M. Swann.

Interrogé, le Trésor américain n’a souhaité faire aucun commentaire sur la décision de S&P.