Banque mondiale-Economies arabes : L’approche culturelle axée développement, c’est pour quand?

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«Transformer les économies arabes: la voie de la connaissance et de l’innovation». Un nouveau rapport publié par la Banque mondiale en collaboration avec le Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI), la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture (ISESCO).

Il montre comment une économie fondée sur l’innovation et le savoir peut contribuer à accélérer la croissance économique et à accroître la compétitivité. On y souligne qu’il faut investir davantage dans un modèle économique basé sur la connaissance si l’on veut relever le défi du chômage dans les pays de la région.

Alléluia! Quelle découverte même s’il faut reconnaître que l’économie du savoir a fait ses preuves dans la région MENA, illustrée par les révolutions 2.0… La Tunisie, qui était l’un des pays les plus avancés en termes d’économie du savoir dans la région du Maghreb, est restée au point 0 depuis 2011, et de la posture de conquête de marchés européens et africains, elle en est à celle de préserver ses compétences sollicitées à l’international.

«Nous espérons que ce rapport aidera les pays du monde arabe à envisager un nouveau modèle de développement ayant pour moteur le savoir et l’innovation», a déclaré Inger Andersen, vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. «Le rapport montre comment cette approche peut aider les pays arabes à diversifier leurs économies et à innover tout en créant des entreprises et des emplois».

Elle est approuvée par Mats Karlsson, directeur du CMI qui estime que: «Si des pays de petite taille comme la Finlande et Singapour, de moyenne taille comme la Malaisie et la République de Corée, et de grande taille comme le Brésil, la Chine et l’Inde sont capables de tirer parti du progrès technique, les pays du monde arabe peuvent en faire autant». Karlsson, ancien vice-président de la Banque mondiale et directeur de son département Maghreb qui dirige le Centre pour l’intégration en Méditerranée, oublie en se montrant aussi affirmatif que ce qui est valable à Singapour ne l’est peut-être pas au Maghreb et qu’on ne peut pas servir le même menu à tous les pays au vu d’héritages historiques et de structures sociales différentes d’un pays à l’autre.

«La Banque mondiale a quand même du mérite pour avoir compilé toutes les informations se rapportant à la nécessité de s’orienter vers de nouveaux modèles économiques basés sur les technologies et l’innovation, s’agissant de pays comme les nôtres. Ceci étant, il s’agit là d’unevérité de La Palice. L’image qui me traverse l’esprit est en l’occurrence celle de voyageurs venant d’horizons différents et se dirigeant vers des destinations différentes mais qui se retrouvent tous dans un même avion. Le rapport de la Banque mondiale est l’avion. Il ne lui revient pas à elle de trouver des solutions. Il est de notre responsabilité de proposer et de défendre nos choix qui doivent servir nos propres intérêts indépendamment des agendas des grandes puissances ou des institutions internationales», a indiqué Pr J.E, universitaire et chercheur à l’international.

Le numérique pourrait-il œuvrer à la transformation de la société? D’après la Banque mondiale, «l’ampleur du changement dépendra dans une large mesure de la manière dont l’économie du savoir prendra racine dans la région. Pour créer des emplois, il faut investir davantage dans les secteurs du savoir et mettre davantage l’accent sur les moyens de créer des économies compétitives, productives et viables».

La grande question est dans le comment. Car il serait peut-être judicieux de ne plus occulter les différences structurelles entre les pays méditerranéens d’appartenance civilisationnelle arabo-musulmane et ceux du Golfe arabe. La différence est de taille. «De nombreux pays arabes ont fait des progrès au cours de la dernière décennie, qu’il s’agisse de l’accès à l’éducation, des technologies de l’information et des communications (TIC), ou de la mise en place d’un environnement institutionnel plus favorable à une croissance tirée par le secteur privé. Le Maroc et la Tunisie se sont attachés à promouvoir l’innovation, notamment par la création de technopoles et zones industrielles qui ont attiré l’investissement étranger direct et développé les activités manufacturières».

Les technopôles ne peuvent malheureusement pas à elles seules garantir un développement pérenne car comme le stipule à juste titre le rapport, «un modèle économique fondé sur le savoir nécessite la mise en œuvre d’importantes réformes qu’un modèle dans différents secteurs afin de créer des conditions favorables à l’innovation et à la croissance. Cela nécessitera l’adoption d’un train de mesures pour créer des économies plus ouvertes et plus dynamiques, former une main-d’œuvre plus qualifiée, améliorer les capacités d’innovation et de recherche, et développer les TIC et leurs applications».

C’est tout un programme! Comment y parvenir avec un gouvernement qui accorde plus d’importance à l’islamisation de la Tunisie qu’à celle de la projeter dans l’avenir via les technologies et les industries à haute valeur ajoutée?