Les entreprises françaises qui délocalisent privilégient l’UE

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Terminal de Containers de Fos-sur-Mer le 17 octobre 2012 (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[12/06/2013 12:42:06] PARIS (AFP) 4,2% des sociétés françaises ont délocalisé de 2009 à 2011 mais contrairement aux idées reçues, c’est vers l’Union européenne qu’elles se sont tournées en priorité et non vers les pays émergents, selon une enquête officielle publiée mercredi.

Ces entreprises privilégient d’abord les quinze pays originels de l’Union européenne (destination de 38% des entreprises ayant délocalisé). Viennent ensuite l’Afrique (24%), les nouveaux États membres de l’Union (22%), puis la Chine (18%) et l’Inde (18%), selon l’enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques.

Le fait que 55% des entreprises qui délocalisent le font vers l’Union européenne “est en décalage avec le discours des politiques et des médias et la perception de l’homme de la rue”, reconnaît Thierry Mayer, professeur d’économie à Sciences-Po.

Dans les faits “il y a une grande sensibilité des entreprises à la distance (…) les activités de commerce de biens sont beaucoup plus faciles à coordonner avec une distance courte, mais c’est aussi vrai pour les services”, explique-t-il, “d’autant plus que les chaînes de production se sont beaucoup désintégrées”.

Cette enquête estime à environ 20.000 le nombre de suppressions directes de postes en France dues à des délocalisations entre 2009 et 2011 par les sociétés marchandes non financières de 50 salariés ou plus, soit environ 6.600 suppressions par an au cours de ces trois années.

L’industrie manufacturière et les services de l’information et de la communication ont été les secteurs les plus touchés par ce mouvement.

Dans l’industrie manufacturière, ces délocalisations représentent 11.500 postes supprimés sur la période, soit 0,6% de l’emploi salarié du secteur, relève l’Insee, qui souligne cependant que ces chiffres n’incluent pas les éventuelles suppressions d’emploi induites chez les sous-traitantsI.

Impact sur l’emploi légèrement inférieur

L’impact sur l’emploi paraît ainsi légèrement inférieur à celui révélé par les enquêtes précédentes de l’Insee, et pourrait notamment s’expliquer par la période prise en compte marquée par la crise.

“L’entreprise qui délocalise est plutôt une entreprise de grande taille, exportatrice et qui a déjà des filiales à l’étranger” souligne Aurélien D’Isanto, l’un des auteurs de cette étude intitulée “Chaînes d’activité mondiales”.

Dans le secteur manufacturier, 8,8% des sociétés ont délocalisé sur la période étudiée, la fabrication d’équipements électriques et celle de produits informatiques, électroniques et optiques étant particulièrement visées.

Dans les services de l’information et de la communication, 8,8% également des sociétés ont délocalisé, surtout dans les services liés aux activités informatiques.

Les délocalisations dans les pays émergents comme l’Inde et la Chine sont souvent motivées à la fois par l’accès à des coûts bas, salariaux ou non, mais aussi en grande partie pour avoir accès à des marchés en forte croissance à l’heure où la croissance fait défaut en Europe.

Dans le cas des nouveaux États membres de l’UE, les coûts salariaux peuvent également être attractifs, mais vers l’Europe des quinze, les sociétés ont d’abord recherché la réduction des coûts de production autres que les salaires.

A l’opposé, les délocalisations vers l’Afrique sont majoritairement motivées par la recherche de salaires bas pour des activités intensives en main-d’oeuvre.

L’enquête de l’Insee souligne par ailleurs que 3,1% des sociétés ont envisagé des délocalisations sans les effectuer.

Ces renoncements ont été motivés pour plus de la moitié des sociétés concernées par une incertitude sur la qualité des biens et services produits une fois les délocalisations effectuées, de même que par le besoin d’une proximité avec les clients.

L’obstacle de l’inquiétude provoquée chez les salariés et les syndicats est aussi parmi le plus fréquemment cité.

L’Insee pointe par ailleurs que 7,3% des sociétés ont externalisé une partie de leurs activités dans une autre société implantée en France.