La BCE, soutenue par le FMI, continue de se défendre à Karlsruhe

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örg Asmussen, membre du directoire de la BCE (D) et Jens Weidmann (G) président de la banque centrale allemande, le 11 juin 2013 à Karlsruhe (Photo : Uli Deck)

[12/06/2013 14:26:07] BERLIN (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) continuait mercredi de défendre son action contre la crise de la zone euro devant la Cour constitutionnelle allemande, avec le soutien de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.

S’exprimant devant de la Cour de Karlsruhe (sud-ouest) pour le deuxième jour consécutif, Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, a de nouveau défendu le programme de rachat illimité de dettes d’Etats en difficultés (programme OMT), qui est particulièrement dans le radar des juges suprêmes examinant la légalité de l’action de l’institution monétaire.

“Les acteurs des marchés ne savent pas quand et si nous achetons (des obligations). Et si nous le faisons, nous regardons quelle est l’offre et le prix du marché et nous n’achèterions pas au-dessus du prix du marché”, a assuré M. Asmussen, répondant aux questions de la Cour.

“Le but du programme OMT n’est pas d’empêcher la faillite des Etats”, ce qui outrepasserait le mandat de la BCE, a-t-il également affirmé.

L’annonce en septembre dernier de ce programme, qui n’a concrètement encore jamais été utilisé, a joué un rôle clé dans l’apaisement des marchés financiers sur le front de la crise de l’euro.

Christine Lagarde a d’ailleurs qualifié cette annonce de “tournant” dans la lutte contre la crise, dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung de mercredi.

Sans l’action de la BCE, et notamment l’annonce de son programme OMT, “l’économie de toute la zone euro stagnerait, le chômage serait encore plus élevé et les tensions sociales encore plus fortes”, a-t-elle affirmé.

Pour Mme Lagarde, avocate de métier, “des circonstances exceptionnelles imposent des mesures exceptionnelles”.

Dans ses propos introductifs mardi, le président de la Cour de Karlsruhe avait cependant souligné que le succès d’une action n’avait rien à voir avec sa légalité.

Le président de la Banque centrale allemande (Bundesbank), Jens Weidmann, entendu mardi et encore mercredi, considère pour sa part que la BCE outrepasse, avec ce programme, l’interdiction qui lui est faite de financer directement les Etats de la zone.

Les juges de la Cour constitutionnelle allemande, saisie par des euro-sceptiques, ont également entendu plusieurs experts en économie.

Contestant la légalité du programme OMT, le responsable de l’institut Ifo, Hans-Werner Sinn a ainsi estimé devant la Cour qu’il induisait une perturbation du fonctionnement normal des marchés.

S’avançant sur le jugement, qui n’est pas attendu avant plusieurs mois, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a dit ne pas croire que la Cour “déclare l’action de la banque centrale non conforme à la loi”.

Mais “je suis persuadé qu’elle va donner des consignes, par exemple jusqu’à quelle limite de telles mesures peuvent aller”, a-t-il ajouté à la radio allemande.

Saisie à chaque fois, la Cour s’est penchée sur presque toutes les étapes du sauvetage de l’euro, et a à chaque fois émis un jugement favorable, tout en posant des conditions, par exemple un droit de regard étendu du parlement allemand.