érence de presse à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[12/06/2013 16:58:02] PARIS (AFP) La mise en examen de Stéphane Richard mercredi dans l’affaire Tapie ne signifie pas automatiquement son éviction, mais le patron d’Orange pourrait bien être assis sur un siège éjectable puisque l’État, premier actionnaire du groupe, doit “décider des conséquences à tirer”.
Du côté du groupe de télécoms, on a “pris acte de cette décision des juges”. La mise en examen mercredi de Stéphane Richard pour escroquerie en bande organisée, “n’a pas de conséquences sur ses responsabilités actuelles et il sera à son bureau demain matin”, a déclaré mercredi un porte-parole d’Orange.
Mais à Matignon, on a immédiatement réagi en déclarant que le conseil d’administration du groupe se réunirait “dans les prochains jours” pour “faire le point” et “décider des conséquences à tirer”.
“A travers ses administrateurs, l’État (qui détient 27% du groupe) fera alors valoir sa position en tant qu’actionnaire”, a-t-on précisé dans l’entourage du Premier ministre.
Avant même que la mise en examen ne soit décidée, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait déclaré au journal Le Monde qu’il serait “difficile” à un M. Richard en examen “de rester”.
Le ministre avait démenti, le jour même, avoir tenu ces propos au quotidien, mais cela n’a pas empêché le monde économique de réagir vivement.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a ainsi estimé dimanche que les commentaires du ministre étaient “choquants”, ajoutant que c’était “une immixtion dans la gouvernance de l’entreprise tout à fait anormale”, au micro de Radio J.
La situation de M. Richard n’est pas inédite dans le paysage économique français car selon les comptes d’un connaisseur du secteur ayant requis l’anonymat “plus d’une dizaines de patrons du CAC 40 ont déjà été mis en examen”, et ont pourtant gardé leur place.
Dans le cas où M. Richard serait maintenu à son poste par les administrateurs, il devra faire face aux actionnaires puisque son mandat prend fin en juin 2014.
Épine dans le pied
Dès l’été 2012, il avait indiqué qu’il serait candidat à sa propre succession, mais cette mise en examen pourrait maintenant représenter une épine dans le pied à l’heure de se faire réélire.
Encore faut-il trouver un successeur au patron d’Orange. Le nom d’Anne Lauvergeon, ancienne dirigeante d’Areva a longtemps circulé. Mais sa fonction d’administratrice chez l’opérateur britannique Vodafone, concurrent d’Orange, pourrait poser un problème de déontologie, selon un analyste du secteur.
De plus, un certain nombre d’actionnaires seront surtout soucieux de savoir si le cours de Bourse du titre France Télécom a repris du poil de la bête en 2013 après avoir perdu 31% de sa valeur entre fin 2011 et fin 2012.
Après l’annonce de la mise en examen de M. Richard, l’action n’a pas tremblé, terminant la séance de mercredi stable à 7,46 euros dans un marché en baisse de 0,44%.
La mise en examen ne crée aucun émoi dans les salles de marché “d’une part parce que M. Richard n’a pas encore démissionné, et d’autre part il n’est pas le seul à diriger l’entreprise”, a souligné Xavier de Villepion, vendeur d’actions chez Global Equities.
Du côté des syndicats, fait plutôt rare en de telles circonstances, le patron d’Orange a reçu ces derniers jours le soutien de plusieurs organisations syndicales, la CFE-CGC et la CFDT invitant au respect de la présomption d’innocence, tandis que FO s’est dite “inquiète des déclarations d’Arnaud Montebourg” sur son éventuelle démission, appelant à ne pas déstabiliser l’entreprise.
La CGT et SUD ne sont pas toutefois allés jusque là.