La volatilité continue à la Bourse de Tokyo qui dévisse de plus de 5%

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à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[13/06/2013 05:24:47] TOKYO (AFP) La Bourse de Tokyo s’effondrait encore jeudi à cause d’un net regain du yen, énième journée de forte volatilité de la place tokyoïte secouée depuis plusieurs semaines par les soubresauts des monnaies et les accès d’enthousiasme ou de déception au gré des mouvements des banques centrales ou gouvernements.

Au terme de la première partie de séance, l’indice Nikkei des 225 valeurs vedettes plongeait de plus 5%, soit un recul de quelque 700 points à 12.587 points. Il était même tombé plus bas (à 12.415 points) quelques minutes avant la pause.

Les actions ont été dès le début de la matinée chahutées par une nette remontée du yen à cause d’une mauvaise passe du dollar.

Le billet vert évoluait à la mi-séance vers 94,60 yens, alors qu’il était à 95,40 yens quelques dizaines de minutes plus tôt et à 96 yens la veille et même plus de 99 yens lundi. Quant à l’euro, il se situait aux environs de 126,50 yens à la mi-journée, contre 127,40 yens quelques instants auparavant et plus de 128 yens la veille à la même heure.

Ce repli des devises américaine et européenne est mauvais pour les entreprises exportatrices nippones cotées car il réduit mécaniquement les revenus que ces dernières encaissent à l’étranger lorsqu’elles les convertissent en yens pour la publication de leurs résultats. Une contraction des monnaies étrangères est donc de nature à dissuader les investisseurs au Japon.

Les actions des poids lourds de la cote, comme les constructeurs d’automobiles et les groupes d’électronique, souffraient particulièrement jeudi, comme à chaque fois que le yen a une poussée de fièvre.

New York déjà en net recul

“Les fluctuations sont telles ces derniers temps que peu de gens ont envie d’acheter. Résultat, c’est un peu le problème de la poule et de l’oeuf: la volatilité du marché éloigne les acheteurs et l’absence d’acheteurs conduit à la volatilité du marché”, explique Hirokazu Kabeya, courtier de Daiwa Securities.

Le mouvement de vente est d’autant plus marqué que les fonds spéculatifs étrangers “rachètent des yens et vendent des actions”, contribuant ainsi à faire grimper la devise japonaise et enfoncer les titres de sociétés, selon des opérateurs.

La Bourse de New York avait en outre fini en net recul mercredi, ce qui mine aussi les acteurs de la place tokyoïte.

Les marchés s’interrogent en effet de plus en plus sur la pérennité des mesures de soutien à l’économie apportées par les banques centrales, en premier lieu la Réserve fédérale américaine (Fed).

D’aucuns espéraient en outre que la Banque du Japon (BoJ) décide cette semaine d’étendre la durée des prêts consentis aux institutions financières, afin de donner un coup de pouce monétaire supplémentaire.

Las, le gouverneur, Haruhiko Kuroda, et les autres huit membres du comité de décision ont jugé que cela “n’était pas nécessaire à ce stade”.

Tout cela, combiné à des spéculations et à des espoirs trop énormes donc souvent déçus, contribue à une nervosité extrême et à une mise sous pression du gouvernement japonais, lequel veut se distinguer par une politique économique audacieuse mais qui de facto s’expose aux exigences croissantes des acteurs de la Bourse.

Depuis plusieurs jours, ces derniers reprochent au Premier ministre Shinzo Abe de s’en tenir à des mots pour sa fameuse “stratégie de croissance”, de se contenter d’objectifs mirifiques sans beaucoup de mesures concrètes.

La publication in-extenso des propositions complètes de cette stratégie (la “troisième flèche” de sa politique économique appelée “Abenomics”) avant une adoption par le gouvernement prévue vendredi, jouait toutefois peu jeudi, même si les journaux ont cette fois insisté sur la volonté de M. Abe de réduire les impôts des entreprises qui investissent.

“Cela devrait logiquement encourager l’achat d’actions, mais pas aujourd’hui” alors que la journée est plombée par la remontée du yen qui provoque une forte chute difficile à corriger, précise M. Kabeya.