à Toulouse (Photo : Remy Gabalda) |
[13/06/2013 11:43:37] TOULOUSE (AFP) Les responsables économiques toulousains auront les yeux braqués vendredi sur le premier vol d’essai de l’Airbus A350 car le succès de ce programme de 10 milliards d’euros d’investissement aurait d’importantes retombées sur le tissu industriel régional.
“C’est un programme super important pour l’économie régionale”, qui va bien au-delà de l’implantation à Toulouse de la chaîne d’assemblage final (final assembly line, FAL), dit Bernard Ourmières, dirigeant d’une entreprise d’outillage et l’un des responsables locaux des patrons de PME.
La FAL compte actuellement 1.000 salariés et devrait atteindre 1.500 personnes à pleine cadence de production.
Mais on estime chez Airbus que ce sont 7.000 des 24.000 salariés français de l’avionneur qui travaillent sur le nouveau biréacteur long-courrier.
Une partie de ceux-ci sont à Nantes ou Saint-Nazaire, mais la grande majorité est toulousaine comme pour l’ensemble des effectifs français de l’avionneur (20.000 toulousains sur 24.000 français).
Le gros des Airbusiens travaillant sur le programme est dans les bureaux d’études et dans les usines de fabrication dans toute l’Europe. Chez Airbus on évalue le total international travaillant sur l’A350 à 12.000 personnes actuellement et 16.000 à pleine cadence. Un nombre qu’il convient de doubler en ajoutant les partenaires et sous-traitants.
Le PDG d’Airbus Fabrice Brégier déclarait ainsi lors de l’inauguration de l’usine d’assemblage toulousaine en octobre 2012 que l’A350 représentait “35.000 emplois garantis pour 20 à 30 ans pour toute l’Europe”.
Le “code génétique industriel” toulousain
à Toulouse (Photo : Remy Gabalda) |
Midi-Pyrénées et Toulouse payaient fin 2012 l’effet conjugué de la conjoncture et de leur attractivité d’un taux de chômage de 10,4% supérieur à la moyenne nationale et inédit depuis la fin des années 90. Dans une actualité sociale annonçant les fermetures, les plans sociaux ou les restructurations chez Motorola, Freescale ou Sanofi, le dynamisme de la construction aéronautique et spatiale contribue de manière déterminante à amortir le choc.
M. Ourmières souligne que le poids des sous-traitants est particulièrement fort en Midi-Pyrénées. Selon les chiffres de l’INSEE, à côté des 20.000 salariés d’Airbus dans la région, on trouve près de 24.000 salariés des équipementiers de premier rang de la filière (Safran, Latécoère, Thales) et 37.000 personnes employées par 600 entreprises sous-traitantes. Chacun des 80.000 salariés du secteur crée deux emplois induits dans le reste de l’économie, selon l’INSEE.
La présence de la chaîne finale à Toulouse représente un atout important pour ces sous-traitants, car souligne M. Ourmières, “dans le code génétique du tissu industriel toulousain, il y a l’outillage et c’est une activité indispensable pour une chaîne d’assemblage, pour les essais et la maintenance qui vont avec”.
“Il ne faut pas qu’on loupe l’A350” ajoute-t-il, car la Région “joue gros” sur ce programme qui utilise une majorité de nouveaux matériaux composites plus légers que le métal.
En effet, “dans le partage industriel entre la France et l’Allemagne, les futurs moyen-courriers succédant à l’A320 ne seront plus assemblés à Toulouse, qui gardera les gros porteurs, l’A380 un peu en souffrance depuis le début, et l’A350” principale source d’espoir de l’aéronautique régionale, dit-il.
Un enjeu: la main d’oeuvre qualifiée
éroport de Toulouse-Blagnac (Photo : Eric Cabanis) |
“C’est important et symbolique qu’Airbus montre avec ce premier vol, à la veille du salon du Bourget, une très grande maîtrise de la rupture technologique représentée par cet avion”, estime de son côté Jean-louis Chauzy, président du Conseil économique social et environnemental de Midi-Pyrénées.
Selon lui, Airbus, grâce à un carnet de commandes représentant près de huit ans de travail, a une “visibilité exceptionnelle”.
Il doit “la mettre à profit pour consolider son réseau de sous-traitants, lui donner la capacité d’investir et améliorer ses performances dans la gestion prévisionnelle des effectifs pour ne pas se retrouver en pénurie de main d’oeuvre qualifiée alors que règne par ailleurs un chômage de masse”, dit-il.
Pour accompagner sa croissance, l’avionneur a augmenté ces deux dernières années ses effectifs de 7.000 salariés, en recrutant 10.000 personnes en 2011-2012 pour 3.000 départs naturels. Les effectifs, dégraissés de 10.000 personnes entre 2007 et 2009, ont rebondi à 59.000 salariés et Airbus prévoit 3.000 embauches supplémentaires en 2013 dont 1.300 en France.