à Paris (Photo : Martin Bureau) |
[13/06/2013 15:08:57] BRUXELLES (AFP) L’Europe a affiché jeudi sa détermination face à la Chine en annonçant la saisie de l’OMC dans l’affaire des tubes en acier, qui vient s’ajouter aux contentieux sur le solaire et les télécoms et fait craindre une guerre commerciale.
“L’Union européenne a demandé ce jour des consultations avec la Chine à l’Organisation mondiale du commerce concernant les taxes anti-dumping imposées sur les importations de tubes en acier inoxydable sans soudure en provenance de l’UE”, a annoncé la Commission dans un communiqué.
La consultation est la première étape de la procédure, afin de trouver une solution à l’amiable, avant l’éventuelle désignation d’un panel (groupe d’experts) chargé de trancher.
“L’UE pense que les taxes anti-dumping sont incompatibles avec les règles de l’OMC, tant sur le plan de la procédure que sur le fond”, a expliqué Bruxelles, qui estime que les taxes de 9,7% à 11,1% imposées aux produits européens “handicapent de façon significative leur accès au marché chinois”.
La Commission souligne que “les consultations à l’OMC donneront l’opportunité à l’UE et à la Chine de trouver une solution négociée”. “Si les consultations n’aboutissent pas, l’UE peut demander après 60 jours la constitution d’un panel pour prendre une décision”.
Le commissaire européen en charge de l’Industrie, Antonio Tajani, avait annoncé jeudi matin que Bruxelles allait déposer une plainte devant l’OMC, le gendarme du commerce mondial.
Le Japon a déjà engagé une procédure contre la Chine dans le même dossier. La désignation d’un panel a été décidée en mai. Lorsqu’un panel est établi, il rédige un rapport sur le conflit et propose une solution. Sa décision peut faire l’objet d’un seul recours. La décision s’impose ensuite aux parties.
L’annonce de l’UE survient deux jours après la présentation d’un plan d’action européen pour l’acier, un secteur durement touché par les restructurations. “Dans ce plan, on dit très clairement qu’il faut protéger l’Europe contre la concurrence déloyale”, a rappelé jeudi M. Tajani lors d’une conférence de presse.
ésident chinois, Xi Jinping à Sunnylands (Californie), le 7 juin 2013 (Photo : Jewel Samad) |
La plainte de l’UE intervient surtout dans le contexte d’une escalade entre l’UE et la Chine dans une série de conflits commerciaux allant du solaire aux télécoms en passant par les tubes sans soudure, la vaisselle en céramique ou le vin.
Les sujets de conflits s’accumulent
Bruxelles a décidé la semaine dernière d’imposer des taxes provisoires sur les importations de panneaux solaires, de cellules photovoltaïques et de composants chinois, en accusant les firmes chinoises de dumping.
Pékin a répliqué en lançant une enquête antidumping sur les vins importés de l’UE.
Mardi, le porte-parole du commissaire en charge du Commerce, Karel De Gucht, avait récusé l’idée d’un lien entre les autres contentieux et une éventuelle plainte auprès de l’OMC, dont la constitution du dossier prend des mois. Le calendrier est une pure “coïncidence”, avait assuré John Clancy.
Il reste que les sujets de conflits s’accumulent. En mai, l’UE avait annoncé le prochain lancement d’une enquête anti-dumping et anti-subventions visant les équipements de télécommunications chinois. Le même jour, paraissait au Journal officiel de l’UE l’annonce de droits de douane anti-dumping imposés aux importations de vaisselle chinoise en céramique.
Via les médias officiels, la Chine a prévenu la semaine dernière qu’elle entendait “défendre ses intérêts économiques” et avait “de nombreuses cartes en main”. Le Global Times a rappelé que la Chine détenait une partie non négligeable de la dette européenne, ainsi que de nombreux investissements dans les pays de l’UE. “Dans les guerres, c’est la situation sur le champ de bataille qui oriente les négociations. C’est pareil dans les guerres commerciales”, ajoutait le journal.
De leur côté, les Européens ne présentent pas un front uni face aux Chinois. Ils sont très divisés sur les panneaux solaires, notamment entre la France qui défend une attitude offensive vis-à-vis de Pékin, et l’Allemagne, premier partenaire commercial de la Chine au sein de l’UE, qui veut la ménager.
Les 27 doivent débattre de leurs relations avec la Chine vendredi lors d’une réunion des ministres du Commerce à Luxembourg.