à la présidence du Medef, le 12 juin 2013 à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), le 12 juin 2013 (Photo : Philippe Desmazes) |
[13/06/2013 18:27:41] PARIS (AFP) La voie est libre vers la présidence du Medef pour Pierre Gattaz avec le ralliement jeudi de ses deux principaux concurrents, Patrick Bernasconi et Geoffroy Roux de Bézieux, malgré un vote consultatif qui avait placé ce dernier en tête un mois avant l’élection du 3 juillet.
“L’équipe que nous constituerons tous les trois s’appuiera sur un conseil exécutif représentatif, notre instance de gouvernance, et sur la mobilisation des branches et des territoires, qui sont les composantes essentielles de notre mouvement”, ont déclaré les trois hommes dans un communiqué commun.
L’issue du vote des 561 membres de l’assemblée générale, qui doit déterminer le nom du successeur de Laurence Parisot à la tête de la plus grande organisation patronale de France depuis huit ans, ne fait à présent plus de doute.
M. Gattaz serait épaulé de deux vice-présidents délégués, ses deux ex-concurrents, ont précisé les trois dirigeants qui affirment vouloir un “Medef ouvert, efficace, démocratique, au mode de fonctionnement parfaitement transparent”.
Ainsi, Geoffroy Roux de Bézieux deviendrait vice-président délégué et trésorier, en charge de l’économie, de la fiscalité, de l’innovation, et du numérique tandis que Patrick Bernasconi serait vice-président délégué en charge des mandats ainsi que des branches et des territoires.
L’ancien médiateur interentreprises Jean-Claude Volot a indiqué à l’AFP qu’il serait pour sa part affecté aux questions internationales et à la structuration des filières. “Nous allons discuter de tout cela et travailler à partir de lundi”, a-t-il précisé.
à la tête du Medef Geoffroy Roux de Bézieux (G) et Patrick Bernasconi (D), le 13 juin 2013 à Paris (Photo : Francois Guillot) |
Au cours d’une conférence de presse commune jeudi, M. Gattaz a estimé que le Medef devra “accompagner encore plus” l’inflexion vers la sociale-démocratie menée par le gouvernement français, à l’image de celle de l’ex-chancelier Gerhard Schröder.
Le 3 juin, le conseil exécutif avait placé M. Roux de Bézieux, 50 ans, président fondateur du groupe Omea (Virgin Mobile) en tête de ses suffrages, avec 19 voix. M. Gattaz, 53 ans, patron du Groupe des fédérations industrielles (GFI), qui faisait figure de favori, arrivait juste derrière avec 18 voix.
Patrick Bernasconi, considéré comme un ancien proche de la présidente sortante Laurence Parisot, n’avait obtenu que 6 voix.
Le dernier postulant, Hervé Lambel, 48 ans, patron de HLDC, société spécialiste de la production cinématographique et de spectacles vivants, n’avait remporté aucun suffrage. Mais, dans un communiqué, M. Lambel “continue sa campagne pour la présidence du Medef et dément toutes rumeurs de ralliement”.
Le Club des entrepreneurs, réseau de 18.500 adhérents, s’est “félicité” “de l’unité qu’a su construire Pierre Gattaz autour de sa candidature”.
Réussite industrielle
M. Gattaz avait notamment le soutien de la puissante Fédération de la métallurgie (UIMM), de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) et de la Fédération bancaire française (FBF). Denis Kessler, ex-vice-président du Medef, lui a renouvelé son appui jeudi dans un communiqué où il souhaite “plein succès à cette belle équipe d’entrepreneurs”.
ère), le 12 juin 2013 (Photo : Philippe Desmazes) |
A la tête d’une entreprise familiale de technologies de pointe Radiall, devenue une entreprise de taille intermédiaire très exportatrice et fournisseur de groupes tels que Boeing ou Apple, M. Gattaz avait appuyé toute sa campagne sur cet exemple de réussite industrielle. Radiall emploie 2.500 personne, dont un peu plus de la moitié en France.
Il avait été le premier à sortir du bois à la mi-janvier en critiquant la tentative de Mme Parisot d’obtenir un changement des statuts du Medef pour se présenter à un troisième mandat.
Fils d’Yvon Gattaz, l’ancien patron des patrons, président du CNPF, l’ancêtre du Medef de 1981 à 1986, il rejette les craintes exprimées par certains sur sa capacité à maintenir le dialogue social. “Le dialogue social, je le revendique, fortement, hautement, au niveau du terrain en priorité”, aime-t-il à répéter.
Il se présente en “candidat du terrain” et “de conquête” et se montre notamment offensif contre les 35 heures qui, disait-il récemment, “nous polluent la vie”, sur l’âge de la retraite ou la fiscalité des entreprises.
Il fustige la “mauvaise gestion” de l’Etat et dénonce une dérive “depuis 30 ans” de la dépense publique qu’il voudrait voir passer de près de 57% du produit intérieur brut à “52-53%”. Plus concrètement, il insiste pour que le Medef prépare étroitement avec le gouvernement les projets de budget.
Selon lui, les entreprises françaises devraient même envisager de renoncer à l’essentiel des aides de l’Etat en échange d’une baisse significative du coût du travail, de quelque 50 milliards d’euros.