Tunisie – Finance islamique : Un potentiel de 40% des actifs financiers (rapport)

Par : TAP

Un rapport sur la finance islamique Tunisie 2013, intitulé «Tunisie prudemment optimiste», a été présenté jeudi 13 juin à Gammarth, lors d’un atelier de travail organisé, en marge du Forum de Tunisie sur l’investissement qui se tient à l’initiative de la FIPA, les 13 et 14 juin 2013.

Le rapport fait ressortir «une forte demande concernant la finance islamique avec un potentiel pouvant atteindre 40% du total des actifs financiers d’ici 5 ans, précisant que «les guichets» bancaires islamiques bénéficient «d’un soutien significatif du gouvernement tunisien et des consommateurs».

Réalisé par Thomson Reuters, institution spécialisée dans l’information économique et financière, en collaboration avec plusieurs institutions financières islamiques, les résultats du rapport se basent sur un sondage portant sur l’usage et la perception, au niveau national, des services financiers de détail, avec un accent particulier sur la finance islamique.

Il analyse également les points forts du contexte tunisien dont l’existence de services bancaires islamiques de détail, le soutien gouvernemental à ce genre de produit, à travers l’annonce de l’émission de Sukuks (bons du trésor) en 2013 et la mise au point d’un nouveau fonds conforme à la Charia, en 2013.

7% des personnes sondées sont non bancarisées

Selon ce rapport, l’existence d’une clientèle significative non bancarisée, des banques conventionnelles intéressées et le financement des petites et moyennes entreprises, constituent autant d’opportunités à saisir pour la finance islamique.

“Les services bancaires de détail offrent de nombreuses opportunités en raison d’un faible niveau de satisfaction chez les consommateurs, d’une forte culture d’épargne chez les Tunisiens et l’existence d’une population non bancarisée assez importante (7% des personnes sondées)”.

Cependant, le rapport prévient que «le retard dans l’adoption de réglementations spécifiques aura un effet négatif sur la confiance des investisseurs.

Dans l’analyse des résultats du sondage (selon un sondage réalisé dans les districts de Tunis, Sfax et Sousse), le rapport avance qu’«une grande partie de la population est encline au respect de la chariaa», alors que moins de 12% des personnes sondées ont placé la conformité à la chariaa en quatrième position, dans leur réponse à la question «qu’est-ce qui vous importe le plus pour l’utilisation des services financiers?». Ce critère est devancé par les facteurs liés à l’existence de service GAB, à des frais modiques et à la proximité de l’établissement.

Selon le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, l’industrie de la finance islamique constitue l’un des secteurs les plus actifs dans le monde, depuis la crise financière de 2008. Lancé en 1963, avec une seule institution, ce secteur compte actuellement plus de 500 institutions réparties sur 75 pays. Sa part dans l’ensemble des actifs des banques tunisiennes s’élève à 2% contre 61% en Arabie Saoudite et 42% aux Emirats arabes unis.

Omar Zuhair Hafiz, conseiller général pour les banques islamiques et les institutions financières, a appelé à “mettre en place une stratégie quinquennale de développement des finances islamiques en Tunisie, en vue de mettre en place des lois et des textes d’application favorisant ce produit, d’amender la législation qui s’oppose à son développement et de créer une institution de contrôle de cette finance totalement ou partiellement indépendante de la Banque centrale”.

Il s’agit, d’après lui, d’organiser des programmes de formation dans ce domaine, allant même, jusqu’à appeler à “orienter les médias gouvernementaux vers la promotion de la finance islamique, d’axer sur les PME et la micro-entreprise et d’adopter des lois pénalisant le non paiement de la Zakat au même titre que la pénalisation de l’évasion fiscale et ce dans le cadre du développement de l’économie islamique”.

Il a recommandé la création d’agences de notation islamiques, estimant que “la dégradation de la notation de la Tunisie par les agences internationales de rating est injuste et intervient en dépit de la multiplication des indicateurs positifs dans le pays”.

WMC TAP