Chômage des jeunes : réunion à Rome pour réfléchir à des mesures urgentes

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à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[14/06/2013 11:02:29] ROME (AFP) Quatre grands pays européens, Italie, France, Allemagne, Espagne, mobilisent vendredi à Rome leurs ministres du Travail et de l’Economie pour échafauder des solutions au fléau du chômage des jeunes qui ne cesse de s’étendre en Europe du sud.

L’un des plus jeunes dirigeants de l’Union européenne, le chef du gouvernement italien Enrico Letta, 46 ans, saluera ses invités au début de la rencontre à 11H30 GMT au Palais Chigi, siège du gouvernement. En annonçant la réunion, ses services avaient souligné que M. Letta, à la tête d’un gouvernement gauche-droite, était “très engagé en faveur de la définition d’une politique européenne pour l’emploi, surtout des jeunes”.

Le temps presse car, selon les dernières statistiques européennes (Eurostat), sur 26,5 millions de chômeurs en avril dans l’UE, on comptait 5,6 millions de moins de 25 ans, 100.000 de plus qu’un an auparavant. Au cours du même mois, les taux les plus faibles étaient enregistrés en Allemagne (7,5%), Autriche (8%) et Pays-Bas (10,6%) alors que les plus mauvais scores étaient observés en Grèce (62,5%), Espagne (56,4%), Portugal (42,5%), Italie (40,5%) avec un taux très élevé aussi en France (26,5%).

Selon le gouvernement italien, la réunion de Rome sera “l’occasion d’échanger des opinions et de se coordonner en vue des prochaines réunions internationales” dont le Conseil européen des 27 et 28 juin et la réunion spéciale sur l’emploi prévu à Berlin le 3 juillet.

Elle précèdera en outre de peu une rencontre prévue “à Madrid entre représentants des ministères de l’Emploi européens le 19 juin”, a indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Emploi espagnol, en précisant que l’Espagne veut en particulier “favoriser le crédit aux petites et moyennes entreprises et des mesures pour aider l’emploi des jeunes”.

Du point de vue de Berlin, la rencontre de Rome est le début d’un “travail commun concernant les politiques dédiées au marché du travail”, sachant qu’il y a des améliorations à apporter en termes de “transparence du marché du travail, d’échanges d’informations sur les meilleures pratiques et les agences pour l’emploi”.

Pour le ministre de l’Economie français Pierre Moscovici, “le sens de la rencontre de Rome” c’est que l’initiative franco-allemande prise fin mai “soit élargie”. Paris et Berlin ont proposé de mieux utiliser les fonds existants, notamment en Europe, pour faciliter l’accès des PME au crédit, développer le travail en alternance et la mobilité géographique.

Le ministre de l’Emploi français Michel Sapin a préconisé “d’utiliser déjà dans la seconde moitié de 2013 les 6 milliards d’euros prévus dans le budget pluriannuel 2014-2020” de l’Union européenne. Son collègue Moscovici a évoqué aussi, dans un entretien vendredi au journal Il Sole 24 Ore, des aides possibles de la Banque européenne d’investissements (BEI) pour “faciliter le crédit aux PME”.

Pour sa part, le commissaire européen chargé de l’Emploi, Laszlo Andor, souhaite qu’à Rome les quatre pays “se coordonnent pour mettre en oeuvre le plus vite possible la Garantie Jeunes”.

La garantie pour la jeunesse, financée grâce au Fonds social européen, vise à ce que tout jeune de moins de 25 ans se voit proposer une offre de qualité pour un emploi, une formation, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois suivant sa sortie de l’enseignement ou la perte de son emploi.

Pour l’Italie, le ministre de l’Emploi Enrico Giovannini a jugé nécessaire “une intervention choc”, dont les premières mesures pourraient être adoptées en conseil des ministres dès samedi.

Selon le ministre, le reliquat “important” des fonds structurels européens non utilisés par l’Italie pour 2007-2013 doit être “réorienté” vers des programmes pour l’emploi. Il préconise aussi une nouvelle répartition des aides européennes programmées pour la période suivante.

Les mesures italiennes viseront en priorité l’embauche de jeunes à travers des déductions d’impôts et un assouplissement des CDD et de l’apprentissage (réduction à zéro du délai entre un contrat et un autre) et le développement des services pour l’emploi auxquels l’Italie ne consacre que 500 millions d’euros par an contre 5 milliards en France.