Arbitrage Tapie : le sort de Stéphane Richard à la tête d’Orange tranché lundi

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ée générale du groupe Orange (Photo : Eric Piermont)

[14/06/2013 14:57:25] PARIS (AFP) L’avenir professionnel de Stéphane Richard, mis en examen dans l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais, sera tranché lundi lors d’un conseil d’administration crucial pour l’avenir du groupe Orange, au cours duquel la position des représentants de l’Etat sera examinée à la loupe.

Le PDG de l’opérateur aux 43,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et aux plus de 100.000 salariés en France a été mis en examen mercredi pour “escroquerie en bande organisée” dans l’enquête sur l’arbitrage dont a bénéficié en 2008 Bernard Tapie dans son litige avec le Crédit Lyonnais.

Des salariés du groupe ont affiché avec force leur soutien à M. Richard, rappelant son rôle pour pacifier une entreprise qui se relève à peine d’une vague de suicide qui l’a secouée entre 2008 et 2009.

Ils soulignent également le besoin de stabilité du groupe confronté à un climat extrêmement concurrentiel depuis l’arrivée sur le marché d’un quatrième opérateur, Free Mobile, au tout début 2012.

Dès l’annonce de cette mise en examen, Matignon avait déclaré que le conseil d’administration se réunirait rapidement afin de “décider des conséquences à [en] tirer”.

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érence de presse (Photo : Bertrand Guay)

Vendredi, le président François Hollande en personne a annoncé que cette réunion se tiendrait lundi, et que la décision des trois administrateurs représentant l’Etat au sein de l’instance tiendrait en compte d'”un seul critère”: “l’intérêt de l’entreprise, de ses salariés et de ses clients”.

Le Conseil d’administration – qui se réunira l’après-midi – est composé de Stéphane Richard, de trois représentants du personnel (CGT, CFDT, Sud), d’un représentant des actionnaires salariés, de trois représentants de l’Etat et de sept administrateurs indépendants.

Ces derniers jours, malgré sa fermeté affichée, l’Etat qui détient 27% de l’opérateur semblait encore hésiter sur la conduite à tenir lors de ce CA.

“Si le départ de Richard est décidé par le conseil d’administration, cela peut destabiliser l’entreprise. Il a su bien gérer la situation sociale, l’affaire Free. S’il reste, quelle lecture cela va-t-il donner ?”, a déclaré jeudi une source proche de l’exécutif.

“La vraie question est: qu’est ce qui déstabilise le moins Orange ?”, a-t-elle ajouté.

En cas de départ de M. Richard, le gouvernement risquerait d’être montré du doigt si l’entreprise devait connaître une nouvelle crise sociale dans les années à venir, qui vont connaître un grand nombre de départs non remplacés.

L’Etat est “minoritaire”, rappelle Elie Cohen, économiste qui a siégé au conseil d’administration de ce qui s’appelait alors France Télécom de 1990 à 1995. “L’Etat détient au total 27%. Donc, clairement, il ne contrôle pas l’entreprise, et toute idée qui consiste à dire +l’Etat veut que, l’Etat décide que+ ne tient pas la route”, explique-t-il à l’AFP.

De plus, selon M. Cohen, “l’Etat est clairement dans une logique de désengagement de France Télécom”. C’est donc d’autant plus étonnant de le voir “intervenir bruyamment, d’abord dans l’affaire Dailymotion, puis maintenant avec l’idée qu’il faut pousser dehors Stéphane Richard”, souligne-t-il.

un vote encore bien incertain

Le vote des représentants des salariés pèsera également. La CFDT, détentrice d’un siège, ne souhaite pas changer de PDG, tandis que Sud, qui a également un siège, a laissé entendre qu’il voterait contre M. Richard.

Quant à savoir de quel côté pencheront les votes des administrateurs indépendants, issus du monde économique, cela reste un mystère.

“Si Stéphane Richard est maintenu, ça veut dire que le patronat et l’actionnariat français s’opposent aux politiques en disant: ce n’est pas vous qui régentez les affaires! Ce serait un signal”, assure un analyste qui a souhaité rester anonyme.

De son côté, Stéphane Richard a décidé d’engager un recours en annulation de sa mise en examen pour “escroquerie en bande organisée”, un chef qu’il juge “infamant et grotesque”.