Montebourg veut donner un coup d’accélérateur à la relocalisation en France

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ôtel Matignon le 12 juin 2013 (Photo : Joel Saget)

[14/06/2013 16:16:16] PARIS (AFP) Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg veut renforcer la relocalisation en France des productions industrielles, un mouvement encore minoritaire mais jugé prometteur et dont il veut faire “une cause nationale”.

L’Etat entend “apporter une aide concrète aux entreprises qui souhaitent relocaliser, qui ont relocalisé ou qui vont relocaliser”, a expliqué M. Montebourg, vendredi lors d’une rencontre à Bercy.

La relocalisation d’activités en France est un mouvement “pas massif, mais prometteur et en cours d’augmentation et de généralisation”, a relevé le ministre. “C’est le moment d’appuyer sur l’accélérateur”, a-t-il affirmé.

Premier élément, le ministère met en place un site internet destiné à aider les PME à relocaliser leur production en France.

Baptisé Colbert 2.0, le logiciel d’aide à la relocalisation, qui sera opérationnel en juillet, se présente comme un outil d'”auto-diagnostic”. Il doit permettre à une entreprise de mesurer son “potentiel de relocalisation” et de “recalculer le véritable coût de la délocalisation”.

“Cela coûte très cher d’aller produire en Chine et cela ne coûte pas si cher de produire en France”, a résumé Arnaud Montebourg, qui met en garde contre les “coûts cachés de la délocalisation”.

Le programme délivre un avis à l’entreprise intéressée par l’implantation d’une production en France, propose un “parcours de relocalisation” et renvoie l’entreprise sur un interlocuteur désigné par l’Etat.

Subventionner les entreprises qui veulent relocaliser

Le plan prévoit aussi de subventionner les entreprises qui veulent relocaliser.

Un montant de 50 millions d’euros venant du fonds alloué à la revitalisation des sites industriels fermés sera affecté à la relocalisation. Les aides à la réindustrialisation, dans une enveloppe de 160 millions d’euros, pourront aussi être mises à contribution et la Banque publique d’investissement devra être “un accélérateur” de financement.

Les PME intéressées disposeront dans chaque région d’un interlocuteur unique pour “simplifier et débroussailler tous les problèmes administratifs”, a promis M. Montebourg, qui a installé une “cellule relocalisation” au ministère.

Une base de données recensant les “avantages compétitifs” des différents territoires aidera les entreprises dans leurs choix d’implantation.

Le ministre a dit s’inspirer du programme de relocalisation lancé par le président Obama aux Etats-Unis qui veut rapatrier la production de 30% des produits importés de Chine.

Arnaud Montebourg n’a pas chiffré d’objectif, mais espère que les entreprises, petites ou grandes, qui ont “fait le choix de la France” soient “suivies par des milliers d’autres” même si pour l’instant elles se comptent “en centaines”.

“Le choix de la France, c’est une cause nationale” qui concerne “tous les citoyens”, a-t-il lancé.

Le ministre compte sur les capacités productives et industrielles du pays, sur l’attrait du “made in France” auprès des consommateurs, et aussi sur la hausse des coûts de production dans les pays low cost (salaires, transport) pour accélérer le mouvement.

Plusieurs PME (Eminence, Loiselet, Meccano, Kindy, Rossignol) ont expliqué s’appuyer sur l’origine France pour valoriser leurs produits et pour développer des gammes à plus fort potentiel. Les patrons de grands groupes comme L’Oréal, CGG, GE France, ont aussi témoigné de leur volonté d’implantation française.

Pour le Pr E. M. Mouhoud, de l’université Dauphine, il ne faudra pas seulement se limiter au retour de productions ou d’assemblages de l’étranger, mais aussi “favoriser les relocalisations de développement” dans les zones industrielles performantes à l’exportation.