îles Vierges britanniques, le 29 octobre 2005 (Photo : Scott Gries) |
[15/06/2013 08:47:45] WASHINGTON (AFP) Le réseau de journalistes à l’origine des révélations sur les paradis fiscaux baptisées “Offshore Leaks” a ouvert vendredi soir sa base de données au public, espérant ainsi découvrir de nouveaux scandales.
Basé à Washington, le Consortium indépendant des journalistes d’investigation (ICIJ) estime dans un communiqué mis en ligne sur son site que “les meilleures informations pourraient bien venir d’une collaboration ouverte, où les lecteurs peuvent explorer la base de donnée” à l’origine de l’enquête baptisée “Offshore Leaks”.
L’ONG a donc mis au point une application qui permet de trouver les liens entre une filiale offshore d’une grande entreprise et des “bénéficiaires” ou propriétaires de comptes plus ou moins mystérieux.
Comme l’a révélé le journal Le Monde dès avril, BNP Paribas et Crédit Agricole ont aidé à la créations de sociétés offshore dans des paradis fiscaux dans les années 1990 et 2000.
Une recherche rapide menée jeudi soir sur la base de données de l’ICIJ à partir du nom “BNP Paribas” a conduit à plusieurs entités offshore. En cliquant sur une filiale dont l’adresse est sur l’île anglo-normande de Jersey, on est rapidement dirigé vers une filiale nommée “Portcullis Trustnet” située aux îles Vierges, dans les Caraïbes, et un autre écran s’ouvre sur une importante liste de comptes existant en 2005.
On découvre de nombreux noms de sociétés à consonance asiatique, mais aussi une société “Tiger Woods International”, qui pourrait avoir appartenu au champion de golf, ou encore des fonds aux noms dignes de James Bond comme “Perfect Mission International Ltd”.
ésorier de campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier, le 4 avril 2013 à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard) |
Mais il est bien difficile de se retrouver dans cette forêt de noms, de savoir si ces comptes existent toujours et à qui ils appartiennent vraiment, même pour les dizaines de journalistes d’investigation ayant enquêté depuis plusieurs mois sur quelque 2,5 millions de dossiers.
“Après plus d’un an de recherche et de reportages, les journalistes de l’ICIJ et leurs partenaires sont encore en train de creuser cette mine énorme d’informations”, explique l’ONG.
“La base de données de l’Offshore Leaks donne à l’ICIJ l’opportunité de s’adresser aux journalistes et aux membres du public du monde entier, et notamment des pays les plus affectés par la corruption et les magouilles”, ajoute l’ICIJ. “Le public peut nous aider dans cette tâche extrêmement importante en nous orientant sur de nouvelles pistes”.
C’est la première fois dans l’histoire qu’une telle masse d’informations sur des comptes secrets est mise à la disposition du public, a affirmé le directeur de l’ICIJ Gerard Ryle.
En collaboration avec plusieurs titres de presse, l’organisation avait coordonné une vaste enquête journalistique mondiale sur des placements dans les paradis fiscaux. Un grand nombre de personnalités avaient été éclaboussées par ces révélations début avril.
En France, l’ancien trésorier de campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier, avait dû s’expliquer sur des placements effectués dans les îles Caïmans.
à Londres (Photo : Facundo Arrizabalaga) |
“Nous faisons cela parce que le climat politique a énormément changé depuis quelques mois”, a-t-il ajouté, rappelant que la prochaine réunion du G8 sera notamment consacrée à l’évasion fiscale.
Le Premier ministre britannique David Cameron, qui sera l’hôte de cette réunion la semaine prochaine en Irlande du Nord, a appelé le mois dernier les dirigeants de dix territoires d’outre-mer ou dépendant de la Couronne, réputés être des paradis fiscaux, à assister les efforts de Londres pour combattre l’évasion fiscale.