Les progressistes européens pour une alternative à l’austérité des conservateurs

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é Seguro, le secrétaire général du PS portugais, le 3 avril 2013 à Lisbonne (Photo : Francisco Leong)

[15/06/2013 17:43:40] PARIS (AFP) Plusieurs personnalités social-démocrates et socialistes européennes ont sonné la mobilisation samedi à Paris, autour de Harlem Désir, pour “rompre avec les politiques d’austérité” des “conservateurs” qui ne font à leurs yeux qu’épuiser les peuples, et prôné la relance, à quelques jours du prochain sommet de l’UE.

Ce “Forum des progressistes européens” se voulait aussi l’occasion pour ces responsables de se concerter en vue des élections au Parlement de Strasbourg, en mai 2014, et de dégager les grands axes de leur campagne.

“Il faut mettre un terme à la politique d’austérité qui n’a rien réglé. Aucun pays au monde n’a pu réduire ses dettes en s’appauvrissant”, a lancé Antonio José Seguro, le secrétaire général du PS portugais, en soulignant, avec des représentants italien, espagnol, grec, les “grands sacrifices” déployés par les pays pour réduire les déficits publics sans que la situation, ont-ils accusé, ne s’améliore pour autant.

La réunion de Paris est “un sommet de l’alternative face à l’échec des politiques qui ont été conduites ces dernières années sous l’égide des gouvernements conservateurs et de la majorité de droite au sein de la Commission européenne, et qui ont été incapables d’apporter une réponse à la crise”, a accusé le premier secrétaire du PS français, Harlem Désir.

“Nous considérons, a-t-il ajouté, que la façon dont est abordée la question des déficits aujourd’hui par la Commission est un échec flagrant. Nous demandons donc qu’il y ait une nouvelle doctrine”.

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

Harlem Désir a préconisé en particulier, au nom de ses collègues européens, la création d’un “Fonds de rédemption” qui “permettrait de faire en sorte que les Etats empruntent à des taux d’intérêt le plus bas possible pour notamment cette partie de leur dette qui est au-delà de 60%” du PIB.

“Les déficits, il faut les réduire. Mais toute l’intelligence politique, et c’est là le choix des socialistes, des sociaux-démocrates et des progressistes, c’est de bien doser les choses. Faire reculer à la fois la dette et les déficits, ça serait absurde de ne pas regarder les choses en face, et en même temps tout faire pour l’investissement et la croissance”, a commenté pour sa part devant la presse le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, convié au Forum à un déjeuner en présence notamment de l’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors.

“Si l’Europe n’est pas capable de (…) prendre des mesures concrètes pour montrer le chemin de la croissance et de l’emploi, nous échouerons”, a averti ce dernier devant la presse.

Pour lui, “il faut mettre en oeuvre” le plan de relance européen de 120 milliards d’euros convenu en juin 2012, ainsi que la récente initiative franco-allemande sur la jeunesse. Quant au projet de budget européen pour les années à venir, le premier en baisse dans l’histoire de la construction européenne, “je compte sur le parlement pour lui redonner une autre allure”, a-t-il ajouté.

Très applaudi, Jacques Delors a lancé quelques flèches contre la Commission européenne présidée par José Manuel Barroso et contre les “idées néo-libérales”.

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ésir le 7 juin 2013 à Paris (Photo : Claire Lebertre)

“Quand je lis certains documents de Bruxelles, j’ai l’impression que si le salarié est plus mobile, s’il accepte d’avoir moins de salaire et s’il accepte qu’il y ait moins de conditions pour le chômage, le système est sauvé. Ce n’est pas possible d’accepter de tels discours. Les gouvernements devraient rejeter de tels documents”, a-t-il lancé, devant une assistance ravie.

Etaient présents également à ce Forum, organisé par la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’Etudes Progressistes (Feps) Alfredo Perez Rubalcaba, secrétaire général du PSOE (Espagne), Evangelos Venizelos (Pasok, Grèce), Guglielmo Epifani, secrétaire national du Parti démocrate (Italie), et Martin Schultz, le président du Parlement européen, généralement considéré comme leur probable candidat pour la prochaine présidence de la Commission de Bruxelles.

Ce Forum sera suivi dimanche d’une Convention du PS sur l’Europe.