En recoupant certains événements passés et présents qui ont contribué de manière significative et déterminante à la montée des nahdahouis au pouvoir et dans les sondages, on est tenté de penser que les gourous pensants d’Ennahdha et dérivés se sont payés une véritable machine pour diaboliser, d’abord, les laïcs, et pour doper, ensuite, leur électorat chaque fois qu’ils se sentent menacés.
Qui de nous ne se souvient pas de ce vendredi 9 octobre 2011, lorsque le directeur de la chaîne Nessma, Nabil Karoui avait décidé d’autoriser, à seulement 15 jours du scrutin, la projection du film provocateur franco-iranien Persépolis ?
De l’avis des analystes, ce film avait excité les religieux et stimulé leur électorat au point de remporter les élections du 23 octobre et gagner, en prime, plusieurs années de pouvoir sans représenter réellement le peuple.
Après un certain recul, la question qui se pose dès lors est la suivante: qu’est-ce qui avait poussé Nabil Karoui à oser prendre cette décision –qui s’est avérée par la suite improductive et assassine pour tout le processus électoral?
Etait-il à ce point naïf ou était-il manipulé par des parties extérieures? En revenant sur ce sujet, l’encyclopédie Wikipédia «n’exclut pas une manipulation en provenance des services de sécurité en cette période de campagne électorale».
Logiquement, les nahdhaouis et salafistes qui avaient organisé des manifestations pour protester contre ce film après la projection du film et non avant sa projection laquelle était, pour la petite histoire, annoncée, doivent dérouler le tapis rouge devant Nabil Karoui, leur ange gardien ou plutôt sauveur.
Les Femen… au service des islamistes
Aujourd’hui, au moment où Ennahdha commence à chuter dans les sondages après un échec cuisant au pouvoir depuis un an et demi marqué par la violence politique avec comme point d’orgue l’assassinat du leader Chokri Belaid, voilà qu’émerge un épiphénomène digne des films de Mad Max de l’Australien George Miller, en l’occurrence Amina Sboui ou Triller qui se réclame d’un groupe féministe extrémiste international Femen, un groupe totalement étranger aux Tunisiens, qu’ils soient laïcs ou religieux.
Ce qui est déconcertant, c’est comment cette fille, «dépressive chronique» -comme la décrivent ses parents- et filée en principe par la police, est parvenue à percer les barrages sécuritaires érigés autour de Kairouan pour filtrer les visiteurs à l’occasion du congrès d’Ansar Chariaa (19 mai 2013) et réussir à manifester en public.
Il est très difficile également de comprendre comment les trois militantes du mouvement Femen (deux Françaises et une Allemande) ont pu arriver jusqu’à l’avenue Bab Bnet alors que la veille cette zone était déclarée par la police presque comme une zone militaire interdite suite à des informations faisant état de projet terroristes devant le palais de justice.
Mieux, la démonstration était annoncée sur Facebook, ce qui a expliqué la présence en grand nombre de médias sur les lieux et ce qui n’explique pas que la police ne soit pas informée du même événement.
Pis, il est inadmissible de penser que ces militantes Femen aient eu le temps matériel, dans une grande avenue surveillée, de jour comme de nuit, de se déshabiller et surtout à grimper la clôture (grillage) du tribunal et de s’y maintenir durant de longues minutes. C’est comme si elles posaient pour les photographes.
Attention aux élections prochaines…
Franchement, il y a trop de points d’interrogation, voire trop de laxisme, de la part de la police pour ne pas dire autre chose. S’agit-il toujours des fameux services sécuritaires!
Néanmoins, tout indique que ces provocations dopantes pour les troupes électorales nahdhaouies ne vont pas s’arrêter là.
Pour Mongi Rahoui, constituant du Parti des patriotes démocrates unifié (PPDU), il faut s’attendre à ce que d’autres manifestations ayant les mêmes desseins se reproduisent, d’ici les prochaines élections générales.
Dans cette sinistre perspective, nahdhaouis et salafistes, encouragés par l’emprisonnement d’Amina Femen et de ces trois collègues (Marguerite, Pauline, Joséphine), promettent de mener une campagne féroce, pendant le mois de Ramadhan 2013 qui coïncide avec les vacances estivales, pour pousser la police à interdire la baignade et le port du maillot.
Hassen Ghodbani, penseur d’obédience islamique qui jouit d’un fort capital de sympathie auprès des Tunisiens en raison de son excellente connaissance du coran et de la chose islamiste, a été maladroitement de la partie lorsqu’il avait déclaré, lors d’un débat télévisé sur Ettounsia, que la tendance des Femen à montrer leurs seins est de loin dérisoire par rapport «au terrorisme érotique» que suggère le vestimentaire de la femme tunisienne à laquelle il a recommandé de porter, dorénavant, des «tenues décentes».
Diabolisation de la femme…
Il semble qu’à travers cette malheureuse recommandation, les islamistes, qu’ils soient modérés ou extrémistes, aient pour commun la diabolisation de la femme.
Par delà cette diabolisation, il y a manifestement une immixtion scandaleuse dans les libertés individuelles qui rappelle, à un détail près, ce qui se passe, actuellement, en Turquie, avec l’interdiction, entre autres, par le Parti pour la justice et le développement (APK) de Recepp Tayyip Erdogan, de la consommation d’alcool dans les rues.
La seule différence réside dans le fait que l’APK a mis plus de dix ans au pouvoir pour arriver à ce stade, tandis qu’Ennahdha, à peine au pouvoir (un an et demi), a déjà commencé à exécuter son sinistre plan d’appliquer la Chariaâ, au forceps.