[17/06/2013 22:12:30] PARIS (AFP) Fort du soutien de l’Etat malgré sa mise en examen dans l’affaire Tapie/Crédit lyonnais, le patron d’Orange, Stéphane Richard, a été maintenu dans ses fonctions, mais placé sous surveillance, lundi après-midi par le conseil d’administration de l’opérateur.
Ce maintien, soutenu par de nombreux salariés et même des syndicats, a également été salué par le marché, le titre Orange s’adjugeant l’une des meilleurs progressions du CAC 40 à +3,08%.
Réuni pendant moins de deux heures, le Conseil d’administration “a décidé de renouveler sa pleine confiance à Stéphane Richard pour continuer à relever, avec la même énergie, les nombreux défis d’Orange, dans l’intérêt de l’entreprise, de ses salariés, de ses clients et de ses actionnaires”, selon le communiqué.
Le suspense était toutefois très limité: François Hollande, lui-même, avait annoncé dès dimanche soir que l’Etat avait donné instruction à ses trois représentants de voter en faveur du maintien de M. Richard.
Cependant, tout en estimant que “les mesures judiciaires affectant Stéphane Richard ne remettent pas en cause la capacité du Président-Directeur Général à assumer pleinement et efficacement la direction d’Orange”, le conseil a décidé de confier à un administrateur indépendant, Bernard Dufau, “une mission à cette fin”.
Selon Daniel Guillot, administrateur salarié CFDT, M. Dufau “est en charge d’une mission de suivi au cas où la situation change” pour M. Richard avant la fin de son mandat à l’été 2014.
Stéphane Richard, l’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, a été mis en examen la semaine dernière pour “escroquerie en bande organisée” dans l’enquête sur l’arbitrage dont a bénéficié en 2008 Bernard Tapie dans son litige avec le Crédit lyonnais au sujet de la vente d’Adidas.
Sud, seul à voter contre
L’objectif de l’Etat -actionnaire à hauteur de 27%- était clairement de ne pas déstabiliser l’entreprise aux 170.000 salariés, qui s’est à peine remise de la vague de suicides qui l’a secouée entre 2008 et 2009, et qui se trouve confrontée à un climat extrêmement concurrentiel depuis l’arrivée de Free Mobile sur le marché en janvier 2012.
Outre les trois représentants de l’Etat et Stéphane Richard lui-même qui le préside, le conseil d’administration compte également trois représentants du personnel (CGT, CFDT, Sud), un représentant des actionnaires salariés ainsi que sept administrateurs indépendants.
Seule voix discordante parmi les administrateurs, la représentante de Sud, Verveine Angeli, a voté contre M. Richard. La CGT s’est quant à elle abstenue.
Suite à cette annonce le titre Orange/France Télécom a fini la journée en hausse de 3,08% à 7,59 euros, alors que le marché a terminé en hausse de 1,54%.
Les analystes avaient déjà salué le maintien annoncé de M. Richard lundi matin, comme ceux du CM-CIC pour qui “l’opérateur ne (pouvait) pas se permettre le luxe d’une crise de gouvernance alors qu’il affronte des vents contraires”.
Le courtier a également fait remarquer que toute modification de la gouvernance risquerait de déstabiliser socialement le groupe “dont la structure des coûts est beaucoup moins flexible que celle des concurrents et des autres opérateurs historiques”.
Une autre figure de l’épineux dossier Tapie/Crédit lyonnais, Jean-François Rocchi, ancien président du Consortium de Réalisation (CDR), la structure chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais, a dû démissionner de son poste au service géologique de l’Etat BRGM, au lendemain de sa mise en examen.