à Washington (Photo : Karen Bleier) |
[18/06/2013 09:06:29] WASHINGTON (AFP) La Banque centrale des Etats-Unis (Fed), qui se réunit mardi et mercredi, devrait maintenir inchangée sa politique de soutien exceptionnel à l’économie américaine tout en débattant des modalités d’une sortie en douceur de ce dispositif.
“Nous ne prévoyons pas que le FOMC (comité de politique monétaire de la Fed, ndlr) annonce un ralentissement du rythme de ses rachats d’actifs à sa réunion de juin. Nous pensons que cela interviendra probablement en septembre”, affirmaient dans une note vendredi des analystes de Nomura.
La Fed, qui maintient son taux directeur proche de zéro depuis 2008, dépense aussi 85 milliards de dollars par mois en bons du Trésor et titres hypothécaires pour soutenir la croissance.
Mais elle pourrait enclencher un “recalibrage” de ces rachats de titres “au cours des prochaines réunions”, a averti son président Ben Bernanke fin mai tout en excluant un tour de vis “prématuré” alors que le marché de l’emploi ne s’améliore que lentement et que l’inflation est en dessous de l’objectif idéal de 2% pour la Fed.
Vendredi, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé la Fed à maintenir ses rachats d’actifs massifs “au moins jusqu’à la fin 2013”.
ésident de la Fed, Ben Bernanke, le 20 avril 2013 à Washington (Photo : NICHOLAS KAMM) |
La croissance américaine évolue à un rythme “modeste à modéré”, selon le Livre Beige de la Fed, rapport de conjoncture le plus récent (avril-mai) sur l’économie du pays.
Au premier trimestre, la croissance du PIB s’est établie à 2,4% en rythme annualisé mais ne devrait atteindre que 1,9% pour l’ensemble de l’année selon le FMI, et s’établir entre 2,3% et 2,8% selon les projections de la Fed.
Malgré les coupes budgétaires et les hausses d’impôts, la reprise est notamment portée par la consommation des ménages, dont le moral a rebondi en mai, et par la hausse des prix de l’immobilier.
Sur le front de l’emploi, l’économie américaine a créé ces douze derniers mois 172.000 emplois par mois en moyenne, pas assez pour faire sensiblement baisser le taux de chômage qui, en mai, est remonté de 0,1 point à 7,6%.
L’inflation est, quant à elle, contenue, ce qui avait fait dire au FOMC début mai qu’il était même ouvert à une éventuelle augmentation des rachats d’actifs. A 1,1% en glissement annuel en avril, c’est la plus faible hausse de l’indice des prix depuis fin 2010.
La Fed a pour mission de promouvoir la stabilité des prix et le plein emploi.
Wall Street, anxieuse de voir les injections de liquidités s’assécher, a connu des séances agitées la semaine dernière. Et le marché obligataire, inquiet de voir se retirer cet acheteur de poids que constitue la Fed, a fait grimper le rendement sur les bons du Trésor à 10 ans – qui évolue à l’inverse du prix – à son plus haut depuis avril 2012.
Dans la foulée, les taux des prêts immobiliers ont commencé à remonter, affichant 3,98% pour le prêt à 30 ans, un sommet en 14 mois, selon l’organisme de refinancement Freddie Mac.
“La Fed doit continuer ses préparatifs pour une sortie en douceur” de sa politique monétaire accommodante, a affirmé le FMI vendredi. Pour sa directrice générale, Christine Lagarde, la stratégie de communication de la Fed sera “cruciale pour réduire les incertitudes” et éviter une panique des marchés.
C’est ce que tentera de faire Ben Bernanke lors de sa très attendue conférence de presse mercredi alors que les spéculations vont bon train.
Pour Bryan Brett, économiste chez Deutsche Bank, la Fed “réduira ses achats d’actifs de 25 milliards en septembre puis de 30 milliards en octobre et encore 30 milliards en décembre”, a-t-il indiqué à l’AFP, “à la condition qu’au quatrième trimestre, les créations d’emplois dépassent 200.000 par mois et que le taux de chômage approche 7%”.