ésident chypriote Nicos Anastasiades, le 23 mai 2013 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[18/06/2013 20:44:04] Nicosie (AFP) Le président chypriote Nicos Anastasiades a sévèrement critiqué les termes du plan de sauvetage européen imposé en mars à Chypre, dans une lettre aux dirigeants de l’eurozone dans laquelle il demande de l’aide pour préserver la plus grosse banque de l’île.
Dans cette lettre envoyée la semaine passée, M. Anastasiades accuse les dirigeants de l’eurozone d’avoir traité l’île injustement.
Le président conservateur indique que les ponctions sur les dépôts bancaires — une mesure sans précédent dans l’eurozone — imposées sur les plus gros comptes des deux principales banques de l’île avaient été “mises en oeuvre sans une préparation consciencieuse”.
“Aucune distinction n’a été faite entre les dépôts à long terme générant des rémunérations élevées et l’argent circulant sur des comptes courants, comme les fonds de roulement des sociétés”, a-t-il dit.
“Cela a représenté une perte significative en fonds de roulement pour les entreprises”, a-t-il dénoncé.
M. Anastasiades a indiqué que les restrictions sur les flux de capitaux, imposées en mars pour éviter une fuite d’argent et toujours en place malgré des assouplissements importants, “gênaient sérieusement la bonne marche des entreprises”.
“Des mesures artificielles comme les restrictions sur les retraits de capitaux peuvent sembler empêcher une panique bancaire à court terme, mais elles ne feront qu’agacer les déposants si elles persistent”.
“Plutôt que de créer la confiance dans le système bancaire, elles l’érodent chaque jour” un peu plus, souligne-t-il.
En contrepartie d’un prêt de 10 milliards d’euros fourni par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, l’île a dû accepter de réduire drastiquement son secteur bancaire, en restructurant la première banque de l’île, Bank of Cyprus (BoC), et en liquidant la deuxième, Laïki.
Les dépôts au-delà de 100.000 euros dans ces deux banques ont été très largement ponctionnés.
M. Anastasiades a dénoncé le fait qu’au terme du plan de sauvetage, la BoC, qui va récupérer ce qui reste de Laïki après sa liquidation, va se retrouver sous le poids de dettes qui menacent son rôle de premier prêteur de l’île.
Il a indiqué que ce passif inclue neuf milliards d’euros accordés en 2012 à Laïki dans le cadre du programme de soutien exceptionnel à la liquidité (ELA) de la Banque centrale européenne dans des circonstances qu’il a jugées “très contestables”.
Son commentaire est une allusion claire à la décision de la Banque centrale européenne de continuer à fournir de l’aide à Laïki alors déjà en pleine tourmente.
M. Anastasiades a indiqué que la prise en charge par BoC des dettes de Laïki “a augmenté sensiblement la vulnérabilité de ses propres structures de financement”.
Il a ajouté que son ministre des Finances Haris Georgiades avait écrit aux chefs de mission de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) le 19 mai au sujet des problèmes rencontrés par la BoC mais n’avait pas encore reçu de réponse.
“Je souligne l’importance systémique de la BoC, pas seulement en terme de système bancaire mais aussi pour l’ensemble de l’économie”, a dit le président.
“Le succès du plan approuvé par l’Eurogroupe (les ministres des Finances de l’eurozone) et la troïka dépend de l’émergence d’une Boc forte et viable”, a-t-il ajouté.
Le Financial Times a rapporté mardi qu’il était probable que les ministres des Finances de la zone euro discutent de la lettre de M. Anastasiades lors de leur prochaine réunion jeudi.
Mais le quotidien indique, citant un haut responsable de la zone euro, que les dirigeants étaient “perplexes” vis-à-vis de cette lettre, et pourraient ne pas répondre favorablement à la demande d’aide de Chypre.