Rien à voir avec le «surfing» quoique… Il s’agit en fait de levées de fonds pas tout à fait conventionnels puisqu’ils se font sur Internet et ouvrent l’univers de l’investissement au «crowd» (foule).
Une manière d’impliquer la «masse» dans le financement ou cofinancement de projets qui l’intéressent et une manière de trouver de l’argent à tous ceux qui ont des idées et portent des projets concrets mais se fracassent contre les difficultés des accès aux financements. Un système qui pourrait bousculer l’ordre établi en Tunisie à l’heure où les financements sont le plus gros handicap pour les entreprises et l’innovation, notamment pour les jeunes. Une opportunité encore bien assez loin des préoccupations des législateurs et pourtant…
Un autre round dans la révolution numérique se prépare. Il s’attaque aux finances. Le “crowdfunding” explose dans le monde dans une période de marasme du secteur bancaire mondial et que le web 2.0 rend possible. Même si l’expérience évolue encore dans des milieux initiés et reste encore assez timide, évoluant principalement dans l’univers du solidaire, de la société civile ou de l’artistique, des dizaines de success stories sont impressionnantes, notamment celle égyptienne du média collectif de «Mosireen» http://mosireen.org/ suite à la révolution.
Pour lever des fonds pour un projet ou une production, il faut passer par l’une des 500 plateformes spécialisées qui existent dans le monde (chiffre datant de début 2013). En fait, 210 plateformes évoluent en Amérique du Nord contre 182 en Europe. Comment se font-elles payer? Par une commission allant de 2 à 25%, soit exclusivement sur les opérations réussies, soit sur l’ensemble des fonds levés. Cette commission est en moyenne (7%) plus faible en Amérique du Nord et en Europe car le marché est plus compétitif.
Pour Mathiew Maire du Poset, co-fondateur d’Ulule (http://fr.ulule.com/) rencontré aux 3èmes rencontres annuelles du Journalisme et Médias Sociaux à Montpellier, la semaine écoulée, ce système est en train de provoquer une révolution qui n’en est qu’à ses balbutiements, et pour cela, il ne faut pas perdre des yeux que: «La confiance est au cœur de cet écosystème encore émergent. Elle est vitale et se nourrit d’une transparence réciproque des parties prenantes. Les plateformes, les porteurs de projet et leurs soutiens concourent ensemble à la transformation d’un lien social en un solide lien économique».
Ce type de financement participatif serait-il un épiphénomène? Tout semble indiquer que non, puisqu’en 2011, l’ensemble des plateformes a réussi à lever 1,5 milliard de dollars grâce à un million de campagnes réussies, essentiellement aux Etats-Unis qui reste le marché le plus important.
Mais comme l’avenir reste encore à écrire, il ne faut pas perdre des yeux que les projections sur les sommes que pourrait lever ce segment à l’horizon de 2020 sont significatives. Le magazine Forbes l’évalue à 1.000 milliards de dollars.
Au niveau législatif, alors que seules les banques sont censées prêtés de l’argent, cette question est accueillie avec enthousiasme aux USA puisqu’Obama lui-même en a fait l’éloge. En Europe, la question d’une nouvelle réglementation est à l’étude. En Tunisie, à part quelques initiés, qui y pense, vulgarise, propose ou tente?