étro Bank, dans la City à Londres, le 25 janvier 2013 (Photo : Andrew Cowie) |
[19/06/2013 09:16:30] Londres (AFP) Il faut faciliter l’envoi de banquiers en prison en cas de faute et pouvoir différer leurs bonus pendant dix ans, préconise la commission parlementaire britannique chargée de formuler des propositions pour éviter un nouveau scandale du Libor.La commission sur les normes bancaires, établie l’été dernier après l’affaire des manipulations du taux interbancaire qui a ébranlé le monde de la finance, publie mercredi son rapport final baptisé “Changer la banque pour de bon”.
Elle blâme en des termes parfois très durs le “manque de responsabilité individuelle” dans le secteur mais aussi le laxisme des régulateurs et du gouvernement.
“Les récents scandales, à commencer par la fixation du taux Libor qui a poussé le Parlement à établir cette commission, ont mis en évidence des fautes choquantes et répandues” dans le milieu, a commenté son président, le député conservateur Andrew Tyrie.
Le rapport propose tout d’abord de préciser et d’accroître la responsabilité des banquiers, qui devront le cas échéant avoir à répondre de leurs manquements.
“Nous proposons que les cadres dirigeants du secteur bancaire qui nuisent gravement à leur banque ou qui risquent l’argent du contribuable puissent s’attendre à payer une amende, être interdits d’exercer dans le secteur ou, dans le pire des cas, aller en prison”, a déclaré M. Tyrie.
à Londres, le 25 janvier 2013 (Photo : Andrew Cowie) |
Il souligne aussi que les régulateurs, c’est-à-dire la nouvelle Autorité de conduite financière (FCA) ainsi que l’Autorité de contrôle prudentiel (PRA) et la Banque d’Angleterre, doivent utiliser tous leurs pouvoirs de façon plus agressive afin d’améliorer les pratiques dans le secteur.
Les parlementaires proposent aussi de réformer le régimes des bonus, accusés sous leur forme actuelle d’encourager la prise de risque et la logique de court terme, et très impopulaires dans l’opinion. Le régulateur doit ainsi pouvoir exiger leur ajournement pendant dix ans au maximum.
Ces propositions interviennent alors que les banques britanniques ont été impliquées récemment dans une série de scandales, dont les ventes forcées d’assurance crédit au Royaume-Uni et la manipulation du taux interbancaire Libor.
Première inculpation
Cette affaire avait éclaté il y a un an avec Barclays, dont le directeur général emblématique, Bob Diamond, avait été contraint à la démission devant l’ampleur du scandale. Celui-ci a depuis touché d’autres banques et les enquêtes continuent à travers le monde.
L’office britannique de lutte contre la délinquance financière (SFO) vient justement d’annoncer mardi sa première inculpation, visant Tom Hayes, ancien courtier des banques suisse UBS et américaine Citigroup.
Les lords et députés se penchent par ailleurs particulièrement sur le cas de la Royal Bank of Scotland (RBS), contrôlée par l?État britannique depuis son sauvetage durant la crise financière en 2008.
M. Tyrie presse le gouvernement d’être “audacieux” et d’étudier rapidement la possibilité de scinder l’établissement en deux, avec une “mauvaise banque” recueillant les actifs pourris et une banque viable. Cette solution avait déjà été préconisée par le gouverneur de la Banque d’Angleterre sur le départ, Mervyn King.
Le ministre des Finances conservateur, George Osborne, qui souhaite voir retourner RBS comme Lloyds Banking Group dans le giron du privé avant les prochaines élections législatives de 2015, doit justement préciser ses intentions sur le sujet mercredi soir, lors de son discours annuel de Mansion House.
Les deux établissements affirment avoir bientôt achevé leur restructuration, ouvrant la voie à un début de désengagement de l?État.
Le calendrier semble s’accélérer alors que le directeur général de RBS, Stephen Hester, doit quitter son poste cette année pour laisser la place à un successeur – pas encore nommé – chargé de mener à bien la privatisation.