C’est en fait la crise politique au Kenya durant les élections de 2007 que se crée la plateforme «Ushahidi Crowdmap». Les initiateurs de cette plateforme ne s’attendaient pas à ce que cela se propage plus tard sur le Web et prenne des proportions aussi internationales que diverses.
Le crowdmapping a rapidement évolué et a investi des univers aussi différents que la vie courante, la lutte contre la corruption dans le monde, les campagnes de violence contre les femmes en Egypte, les alertes des sans-abris au Liban, les alertes secours aux personnes sinistrées des catastrophes naturelles comme au Pakistan ou au Japon…
Mellisa Mbugua IHub, chef de projet pour «Ushahidi» à Nairobi au Kenya, se souvient durant les 3èmes rencontres annuelles des 4M: “Environ 1.500 personnes sont mortes dans les rues de Nairobi. Les gens étaient empilés et les médias faisaient un blackout sur les manifestations du peuple en colère. C’est alors que quatre blogueurs ont mis au point un système pour signaler les manifestations… Le «crowdmapping» est ainsi né…».
Bien loin de la conférence, à laquelle participaient es 12, 13 et 14 juin 2013 des journalistes, blogueurs et entrepreneurs des médias à Montpellier pour un échange autour du journalisme sur le web, Melissa me raconte que désormais la «crowdmap» la plus célèbre dans son pays est celle d’un plat populaire typique kenyan qui regroupe plus d’un million d’utilisateurs.
Mais en quoi consiste le Crowdmapping? En une alerte que font les citoyens sur une carte pour informer, alerter, dénoncer… C’est donc le «croud» (la foule) qui fait remonter des informations qu’on «tagg» sur une plateforme.
Cela évolue très rapidement si bien qu’en Russie, ce système est utilisé pour lutter contre la corruption. Grâce au site http://bribr.org/, les citoyens peuvent publier et géolocaliser leurs témoignages de pots-de-vin versés.
Promu de statut de témoin à protestant public, le citoyen du net évolue vers la contestation politique. En Inde, le site http://www.ipaidabribe.com/ «J’ai payé un pot-de-vin» mis en ligne par une ONG en 2010, a rassemblé plus de 21.000 témoignages en deux ans. Le site s’est imposé comme un outil privilégié des citoyens afin de faire entendre leur voix. L’initiative s’est étendue au Pakistan, en Grèce, aux Philippines…
La cartographie de crise est donc en train d’inventer une nouvelle forme de «solidarité» nationale aussi bien qu’internationale. Pendant les catastrophes naturelles, les plateformes de cartographie collaborative ont montré tout leur intérêt et potentiel.
Un potentiel pour la Tunisie? Assurément. Ce ne sont ni les pistes ni les sujets qui manquent. Il manque encore moins des compétences pour le faire. Le tout est de revenir à une question et une seule : Comment créer un univers encourageant pour stimuler et encourager toutes les initiatives pour que la Tunisie s’insère dans son temps ?