ésident de la Fed, Ben Bernanke, le 19 juin 2013 à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
[20/06/2013 05:57:38] WASHINGTON (AFP) Le président de la Banque centrale américaine a averti mercredi que le soutien massif apporté par son institution à l’économie ralentirait dès cette année, tout en dressant une feuille de route pour une sortie en douceur de cette politique monétaire ultra-accommodante.
Lors d’une conférence de presse à l’issue du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), Ben Bernanke a déroulé un scénario selon lequel la Banque centrale pourrait diminuer ses injections de liquidités dès cette année et les cesser “par étapes mesurées” à la mi-2014 si le taux de chômage descend autour de 7%.
Ensuite, lorsque le taux de chômage glissera à 6,5%, la Fed “songera” à relever son taux directeur, ce qui ne pourrait intervenir que plusieurs trimestres plus tard. M. Bernanke a précisé qu’une majorité des participants au FOMC pensaient qu’un resserrement des taux d’intérêts pourrait avoir lieu en 2015.
“Ce sont des balises qui vous disent comment nous allons (…) essayer de faire atterrir en douceur l’appareil sur le porte-avions”, a lancé le patron de la Fed.
Outre le chômage, l’autre balise de la Fed est l’inflation qu’elle voudrait idéalement maintenir autour de 2% mais qui se situe bien en-dessous (1,4% en mai en rythme annuel).
“Nous voulons garder l’inflation près de cet objectif (de 2%), éviter qu’elle soit trop haute mais aussi trop basse”, a dit M. Bernanke ajoutant que la Fed serait prête à agir à nouveau si c’était le cas.
“Nous espérons que cela va réconforter les marchés, qu’ils vont comprendre que nous fournirons un soutien quoi qu’il en soit”, a-t-il poursuivi, soulignant qu’il espérait “inspirer la confiance à la fois chez les acteurs des marchés financiers mais aussi parmi les investisseurs et les consommateurs”.
Opinions partagées
Les analystes se montraient partagés sur cette feuille de route, même si la plupart y voyaient “un clair signal” de l’intention de la Fed de commencer à ralentir ses rachats d’actifs dès cette année.
“Cela donne un nouveau signal et c’est la première fois que la Fed lie son programme d’achats d’actifs au taux de chômage”, notaient les analystes de Nomura.
Depuis le début de l’année, la Fed dépense 85 milliards de dollars par mois en bons du Trésor (à hauteur de 45 milliards) et en titres adossés à des crédits immobiliers (40 milliards), une injection de liquidités destinée à soutenir l’investissement, la consommation et l’emploi.
C’est son deuxième outil “non conventionnel” pour influencer la politique monétaire, a expliqué M. Bernanke. Le premier étant l’objectif du taux directeur qu’elle maintient depuis décembre 2008 à un niveau proche de zéro.
Dean Maki et Michael Gapen, de Barclays Research, anticipaient “un déclin plus rapide du chômage” que ce qu’a prévu la Fed et s’attendaient à une réduction des injections de liquidité dès septembre, le solde étant liquidé dès mars 2014.
Au contraire pour Paul Edelstein, économiste à IHS, “la Fed est trop optimiste et le taux de chômage ne tombera pas sous les 7,5% cette année”. Il se situait en mai à 7,6%. “C’est pourquoi nous doutons que la Fed puisse commencer à réduire ses concours avant 2014”.
“On savait tous que cela allait arriver mais on ne savait pas quand. Maintenant on a une meilleure idée” de la façon dont la Fed va ralentir ses achats d’actifs, affirmait Joel Naroff, économiste indépendant.
Wall Street, anxieuse de voir les injections de liquidités s’assécher, a connu des séances agitées ces derniers jours. Le marché obligataire, inquiet de voir se retirer cet acheteur de poids que constitue la Fed, a fait grimper le rendement sur les bons du Trésor à 10 ans –qui évolue à l’inverse du prix– à son plus haut depuis avril 2012.
Pendant la même période, les taux des prêts immobiliers ont commencé à remonter, affichant depuis une semaine 3,98% pour le prêt à 30 ans, un sommet en 14 mois, selon l’organisme de refinancement Freddie Mac.