çois Hollande dans une rue de Saint-Béat, le 20 juin 2013, submergé la veille par une crue subite (Photo : PASCAL PAVANI) |
[20/06/2013 17:24:16] CAUNEILLE (France) (AFP) Les intempéries, qui ont déjà fait trois morts dans le Sud-Ouest, se déplaçaient jeudi vers le Nord-Est, alors qu’à Lourdes le reflux des eaux a laissé entrevoir des sanctuaires dévastés, tout comme de nombreuses cultures, situations face auxquelles le président François Hollande a promis la solidarité de l’Etat.
Pour bien marquer le message, M. Hollande, accompagné de Manuel Valls (Intérieur) et Delphine Batho (Ecologie), s’est rendu jeudi après-midi à Saint-Béat, en Haute-Garonne, où les routes sont recouvertes de 30 cm d’eau. “L?État est là”, a-t-il dit.
“S’il y a un symbole à attacher à ma présence ici, c’est de montrer que l?État est présent quand il s’agit de répondre à l’urgence et d’être solidaire”, a déclaré François Hollande, alors que les habitants commençaient à constater l’ampleur des dommages dûs aux inondations.
“Il y a pas loin d’un mètre de boue à l’intérieur, les comptoirs sont par terre, et il n’y a plus de vitrines. On va essayer de redémarrer au plus vite, mais je ne sais ni quand ni comment”, se lamentait, Véronique Fages, pharmacienne, en découvrant son commerce.
çois Hollande en visite, le 20 juin 2013, dans un camping submergé par les flots à Saint-Béat, en Haute-Garonne (Photo : PASCAL PAVANI) |
Le président devait ensuite se rendre à Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées), où un homme de 75 ans est mort mercredi, emporté par une rivière en crue, puis à Lourdes.
Dans ce haut lieu du pèlerinage mondial (six millions de visiteurs par an), l’ampleur des dégâts avait conduit les responsables des Sanctuaires à envisager en début de matinée une fermeture de plusieurs semaines du domaine de 52 hectares entourant la grotte où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie serait apparue en 1858.
Jeudi matin, avec le reflux des eaux, ils avaient en effet découvert que les deux principaux édifices religieux, l’église Sainte-Bernadette et la basilique souterraine Saint Pie X, étaient dévastés.
La basilique souterraine était noyée sous trois mètres d’eau, où flottaient des centaines de bancs et le macadam entre l’église Sainte-Bernadette et le torrent du gave de Pau, sorti de son lit, avait sauté sous la pression des inondations. Des dommages “colossaux”, chiffrés à plusieurs millions d’euros.
En fin de journée, les Sanctuaires ont cependant précisé dans un communiqué qu’ils rouvriraient tout de même partiellement “dans les prochains jours”, en modifiant le programme de pèlerinages, auxquels participent entre 20 et 40.000 croyants chaque jour.
é le 20 juin 2013 après les inondations (Photo : Pascal Pavani) |
La trajectoire des orages est aussi passée mercredi soir par la Côte d’Or, où une mini-tornade, avec des vents violents jusqu’à 160 km/h, a touché les environs de Châtillon-sur-Seine, faisant des dégâts dans près de 150 maisons, certaines étant complètement détruites.
Alerte dans le Nord-Est
La vigilance orange reste maintenue dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, où Stéphane Le Foll est attendu vendredi après-midi.
Mais elle s’est aussi déplacée vers le Nord-Est de la France. Vers 18H00, dix départements (Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Vosges, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Doubs, Jura, Haute-Saône et Territoire-de-Belfort) étaient toujours en vigilance orange pour risque d’orages violents, accompagnés de vents pouvant atteindre 100 km/h.
Une rue des sanctuaires de Lourdes couverte de morceaux de bois, le 20 juin 2013 (Photo : PASCAL PAVANI) |
Dans le Sud-Ouest, les violentes pluies et les inondations de terres, déjà gorgées d’eau depuis l’hiver, ont entraîné la noyade de trois personnes en 36 heures, dans les Hautes-Pyrénées et les Landes, où la dernière victime, une femme de 52 ans qui s’était engagée seule en voiture sur une route barrée à la circulation, a été retrouvée jeudi matin.
L’automobiliste a été emportée par une montée subite des eaux. Son appel de détresse vers 21H40 mercredi n’a pas suffi, même si d’importants moyens, 30 gendarmes et pompiers et un hélicoptère, mobilisé jusqu’à 01H00 du matin, ont été déployés pour la retrouver, selon la préfecture.
Agriculture dévastée
Sur le plan agricole, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a estimé que les dégâts liés aux intempéries pourraient dépasser les 500 millions d’euros, “parce qu’il y a près de 300.000 hectares en France qui sont aujourd’hui ou bien détruits ou alors qui n’ont pas pu être sauvés”.
Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, en déplacement à Bruxelles, a rappelé que ces aléas climatiques de plus en plus violents “détruisent les capacités de production et font que les agriculteurs se retrouvent du jour au lendemain, après une nuit d’orage, avec plus rien”. Il a souligné la nécessité de mettre en place un système de “mutualisation et d’assurance”, garantissant “la pérennité des exploitations”.
La Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) a estimé qu’il est encore “trop tôt pour faire un bilan chiffré” des sinistres occasionnés par ces épisodes extrêmes.
L’état de catastrophe naturelle sera reconnu “avant la fin de la semaine prochaine” pour les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne et “tous les départements et territoires”, a promis Manuel Valls.
Les intempéries devaient aussi faire des malheureux vendredi à Bayonne, où la municipalité a annoncé l’annulation de la fête de la musique, en raison des fortes précipitations attendues et des crues.