Poutine fait les yeux doux aux investisseurs

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ésident russe Vladimir Poutine au forum économique de Saint-Pétersbourg, le 21 juin 2013 (Photo : Mikhail Klimentyev)

[21/06/2013 15:07:32] Saint-Pétersbourg (AFP) Le président russe Vladimir Poutine s’est lancé vendredi dans une offensive de charme au forum économique de Saint-Pétersbourg, annonçant d’ambitieux projets d’infrastructures et une amnistie des crimes économiques pour améliorer le climat des affaires et relancer la croissance en Russie.

S’exprimant devant un parterre d’investisseurs russes et étrangers, M. Poutine a pris acte du sérieux ralentissement économique observé dernièrement dans le pays, et reconnu que de nouvelles recettes devaient être mises en oeuvre pour trouver un nouveau souffle.

“Pendant de nombreuses années, nous avons vécu dans un contexte de forte hausse des prix, quasi-ininterrompue, de nos produits d’exportations, ce qui permettait à nos entreprises et à l’Etat de couvrir d’importantes dépenses”, a-t-il déclaré, soulignant que cette ère était terminée et qu’une nouvelle période plus difficile s’était depuis ouverte.

Le produit intérieur brut russe a en effet connu une hausse de 1,6% au premier trimestre, bien loin des 4,8% enregistrés à la même période un an auparavant.

Et le gouvernement table désormais sur une croissance de 2,4% sur l’ensemble de l’année, un chiffre bien pâle par rapport aux objectifs de plus de 5% par an que M. Poutine visait auparavant.

Or, “il n’y a pas de baguette magique pour changer la situation”, a admis le président, indiquant que la croissance devait désormais s’appuyer sur “la hausse de la productivité au travail, les investissements et l’innovation”, et non plus sur la vente de matières premières.

Dans ce but, il a énuméré une série d’initiatives destinées à accroître la compétitivité en Russie et à attirer les investisseurs.

Il a notamment annoncé un programme de grands travaux pesant 450 milliards de roubles (11 milliards d’euros), comprenant trois principaux projets: la construction d’une ligne à grande vitesse entre Moscou et Kazan (800 km à l’est), la reconstruction d’une route circulaire à une quarantaine de kilomètres autour de Moscou, et le développement de la voie ferrée transsibérienne, longue de près de 10.000 kilomètres.

“Nous proposons avec tous ces projets un travail en commun en Russie”, a-t-il lancé à l’adresse des investisseurs étrangers, et en présence de la chancelière allemande Angela Merkel, une des hôtes d’honneur du forum.

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ère allemande Angela Merkel au forum économique de Saint-Pétersbourg le 21 juin 2013 (Photo : Mikhail Klimentyev)

Ces projets pourraient en effet fortement intéresser les sociétés allemandes, à l’image du géant industriel Siemens qui a déjà fourni les rames à grande vitesse Sapsan circulant entre Moscou et Saint-Pétersbourg.

Autre mesure phare annoncée par M. Poutine, une prochaine amnistie des personnes emprisonnées pour des crimes économiques.

Cette mesure est réclamée de longue date par le milieu des affaires et des associations, qui font valoir qu’elle améliorerait nettement le climat d’investissement en Russie, jugé comme un des principaux freins à son développement économique ultérieur.

Ils arguent que parmi les 240.000 personnes actuellement incarcérées pour des crimes économiques, un grand nombre de personnes emprisonnées le sont soit pour des faits qui ne sont plus passibles de peines de prison, en vertu de changements dans la législation, soit parce qu’ils ont été condamnés par des juges soupçonnés d’avoir été instrumentalisés pour des règlements de compte.

“Semblant” d’amnistie

Mais cette initiative, qui pouvait profiter à l’ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, critique du Kremlin et incarcéré depuis 2003, avait jusqu’à présent été accueillie fraîchement par M. Poutine.

Au forum, ce dernier a jugé que le nouveau projet qui lui avait été présenté était acceptable, et a demandé au Parlement de l’adopter d’ici aux vacances d’été.

Cette nouvelle mouture prévoit que seules les personnes condamnées pour la première fois pourront être amnistiées, ce qui devrait exclure M. Khodorkovski.

Son avocat, Vadim Kliouvgant, a aussitôt dénoncé un “semblant” d’amnistie.

Mikhaïl Khodorkovski a été condamné en 2005 pour escroquerie et fraude fiscale à huit ans de camp, puis pour vol en décembre 2010 lors d’un second procès, sa peine totale cumulée s’établissant à 14 ans. En vertu d’un changement de législation, sa peine a été ensuite réduite de deux ans, portant sa date de libération à octobre 2014.