çais du marché des drones civils, le 20 juin 2013 à Quaix-en-Chartreuse près de Grenoble (Photo : Philippe Desmazes) |
[22/06/2013 12:56:56] Grenoble (AFP) Tablette numérique entre les mains, les yeux rivés vers le ciel, six stagiaires, au chômage ou en reconversion professionnelle, apprennent à piloter un drone à usage civil(avion sans pilote) avec l’entreprise grenobloise Delta Drone, convaincus de se tourner vers “un métier d’avenir”.
Informaticienne, moniteur de ski, employé dans la plasturgie, de futurs “télépilotes” en formation durant une après-midi sur un terrain escarpé du massif de la Chartreuse en Isère, s’apprêtent à faire décoller l’aéronef à hélices, ultra-léger (3,7 kilos) et presque inaudible dans les airs.
Mis au point par Delta Drone, l’un des leaders français du marché des drones civils, l’appareil a été programmé, à cette occasion, pour photographier un hangar à plus de 100 mètres de haut.
Vent, poussière, herbes hautes, il faut être attentif à tout ce qui pourrait modifier la trajectoire du drone, rappelle l’instructeur Ludovic Chanut, aux stagiaires qui ont déjà suivi une soixantaine d’heures de formation théorique à distance.
Ces cours portent sur l’utilisation de l’espace aérien selon le règlement défini par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), l’aérologie, la cartographie, la météorologie. Les stagiaires passeront ensuite un brevet d’aptitude calqué sur celui des pilotes de planeurs, obligatoire pour la manipulation de drones à des fins commerciales.
“La formation n’est pas évidente, il y a beaucoup de physique, mais je comprends car c’est un appareil qui peut se révéler dangereux et faire des dégâts s’il atterrit sur une voiture par exemple”, s’inquiète Arnaud Bazin qui du bout de ses doigts commande un appareil pouvant atteindre la vitesse maximum de 70km/h et dont la valeur est estimée à environ 10.000 euros.
A 37 ans, le paysagiste d’Ile-de-France projette ensuite de créer sa propre société ou d’effectuer des missions pour l’entreprise grenobloise, convaincu du “potentiel” de cette technologie. Grâce aux drones, le trentenaire, qui a financé seul les 2.400 euros de la formation, espère effectuer des relevés topographiques ou encore prendre des photos aériennes “de grands jardins”.
Etre dans le premier wagon
“On assiste à une vrai rupture technologique comparable à celle d’internet dans les années 2000”, estime Frédéric Serre, président du directoire de Delta Drone qui emploie une vingtaine d’ingénieurs pour mettre au point des logiciels suivant les types d’activités.
Diagnostics thermiques de bâtiments, mesures de surfaces céréalières pour évaluer la quantité d’engrais nécessaire, inspections des lignes électriques, mesure de l’épaisseur du manteau neigeux, cartographie de carrières…: “le drone est un outil dont le développement est infini”, prédit le cofondateur de l’entreprise.
La France, premier pays au monde à avoir autorisé les drones civils dans son espace aérien, a délivré des autorisations de vols à 220 opérateurs et compte quatorze sociétés homologuées pour concevoir des drones, a rappelé mardi le ministre des Transports Frédéric Cuviller au salon du Bourget, alors que les industriels attendent avec impatience l’ouverture de l’espace aérien américain en octobre 2015.
Selon l’Association internationale pour les systèmes de véhicule sans pilote (Aussi), les États-Unis pourraient représenter un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars et contribuer à la création sur son territoire de 70.000 emplois dans les trois années qui suivront 2015, puis près de 104.000 d’ici 2025.
“Mieux vaut être dans le premier wagon”, commente Nicolas Rambla, moniteur de ski à Méribel (Savoie) l’hiver et entraîneur l’été en Amérique du Sud, en cours de reconversion professionnelle.
Moins cher que l’hélicoptère, plus respectueux de l’environnement, selon M. Serre, le drone civil peut être détourné de son usage en survolant par exemple des habitations privées sans le consentement des résidents et utilisé pour la surveillance, reconnaît toutefois le jeune entrepreneur.
“La notion de big brother existe, tout dépend de l’utilisation que l’on en fait. Le vrai risque est dans la pratique à des fins de loisir où il n’y a pas de réglementation particulière, hors celle du respect de la vie privée, contrairement à l’usage commercial”, admet-t-il.