«Monsieur anti-corruption», Samir Ennabi, président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, a déclaré, sur les ondes d’une radio locale avec un naturel qui effleure la naïveté, qu’il ignore, tout comme le reste de ses collaborateurs, le montant approximatif de la fortune de Ben Ali et de son épouse.
Lorsque l’animateur lui rappelle que Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha, avait avancé dans une récente interview au journal algérien Al Khabar le chiffre de 50 milliards de dollars et que le président provisoire Moncef Marzouki l’avait estimée, dans son dernier livre «L’invention d’une démocratie, les leçons de l’expérience tunisienne», à plus de 30 milliards de dollars, Samir Ennabi n’a pas osé, par décence, exprimer un certain étonnement ou manifester une quelconque gêne. Il a avalé la pilule comme si ce chiffre ne relevait pas de ses prérogatives.
Cet incident reflète de manière éloquente la qualité des rapports de la Troïka avec les instances de la révolution à la tête de laquelle elle a placé, une fois au pouvoir, des personnes complètement alignées sur ses positions et par conséquent indifférentes à l’intérêt général.
Est-il besoin de rappeler que selon les propres déclarations de Samir Ennabi, sur les 1.000 dossiers de corruption étudiés par l’Instance, seuls 50 à 70 dossiers ont été remis à la justice?
Sans commentaire…