épare des câbles électriques, à Vienne, le 25 juin 2013 (Photo : Dieter Nagl) |
[26/06/2013 10:24:17] Vienne (AFP) Chauffagiste, tourneur-fraiseur, menuisier ou couturier, dans le centre d’apprentissage viennois Jugend am Werk (Jeunesse au travail), près de 350 jeunes sont formés à ces métiers en alternance, le fer de lance de la politique autrichienne de lutte contre le chômage des jeunes.
Alors que les dirigeants européens se réunissent jeudi à Bruxelles pour combattre le chômage des jeunes, l’Autriche fait figure, avec seulement 8,0% de chômeurs chez les moins de 25 ans en avril dernier, de modèle à suivre.
Vienne favorise depuis des décennies l’apprentissage en alternance et a même instauré en 2001 la “garantie d’apprentissage”: tout jeune qui le souhaite doit pouvoir trouver une place d’apprenti, en cas d’échec, l’Etat lui en met une à disposition, dans des centres de formation inter-métiers comme Jugend am Werk. L’Autriche en compte aujourd’hui près de cinquante.
écanique à ses apprentis, le 25 juin 2013 à Vienne (Photo : Dieter Nagl) |
Chaque année, environ 10.000 des quelque 125.000 apprentis fréquentent ce genre de structures, qui ont coûté pour l’année 2012/13 la somme de 123 millions d’euros à l’Etat.
Comme 40% des jeunes de 15 ans en Autriche, Mahir Eren a opté pour l’apprentissage en alternance. Il termine sa première année de formation en électrotechnique à Jugend am Werk: “J’ai eu l’occasion de voir à l’école ce qu’était une formation d’électrotechnique, ça m’a plu, le côté pratique”, raconte le jeune homme, qui s’exerce à monter un interrupteur.
Ses résultats scolaires n’étaient pas particulièrement mauvais, mais Mahir a eu du mal à trouver une place en entreprise, où la concurrence est féroce.
La garantie d’apprentissage offre un filet de sécurité à des jeunes, souvent issus de l’immigration, qui ne trouvent pas leur place à l’école mais ne sont pas encore prêts pour l’entreprise.
“Nous enseignons beaucoup de compétences sociales: la ponctualité, la politesse. Beaucoup de jeunes ne savent pas qu’on peut ou doit saluer quelqu’un”, explique Arthur Fürnkranz, devenu formateur après 20 ans passés dans l’industrie électrotechnique.
à Vienne, le 25 juin 2013 (Photo : Dieter Nagl) |
La stratégie autrichienne mise sur une entrée précoce des jeunes dans le monde de l’entreprise, qui débouche souvent sur un emploi à l’issue de la formation. Avec les centres intermétiers, le contact avec l’entreprise est plus distant mais fortement encouragé.
Et, au cours des trois ans de formation, plusieurs stages courts en entreprise sont prévus.
Le rouge aux lèvres et aux ongles, Kristina Vasic est impatiente de commencer en septembre son travail dans une boutique de vêtements, où elle a passé un mois l’hiver dernier: “Ici, je fais surtout de la couture. Là-bas, j’ai des contacts avec les clients, je les conseille”, explique la jeune femme de 19 ans, qui termine sa formation de couture-vente au détail.
Les jeunes ont aussi la possibilité de quitter le centre intermétiers au bout d’un ou deux ans pour terminer leur formation en entreprise. Environ la moitié y parviennent après la première année, selon l’Agence autrichienne pour l’emploi (AMS).
Dans cette idée, les jeunes en centre inter-métiers sont moins bien rémunérés que les apprentis en entreprise. Pour la troisième année, les premiers reçoivent 555 euros par mois, contre 700 à 1.300 euros, selon les métiers, pour ceux qui se forment dans une entreprise.
és par leur tuteur, à Vienne, le 25 juin 2013 (Photo : Dieter Nagl) |
Mais tous ne cèdent pas aux incitations financières. Mikdat Süzgen, 18 ans, a préféré terminer sa formation en génie mécanique à Jugend am Werk, n’ayant pas apprécié l’expérience qu’il a faite du traitement des apprentis en entreprise: “Quand on est ouvrier qualifié, on peut dire qu’on sait faire quelque chose. Quand on est apprenti, on ne peut pas, on doit faire ce que les autres disent”, décrit-il.
“S’ils ont une question, je suis là pour y répondre”, confirme son formateur, Johann Edinger. “En entreprise, le formateur veut accomplir son travail. Si l’apprenti ne comprend pas, il lui montre une, deux, trois fois et puis lui dit de se débrouiller tout seul”, poursuit Johann Edinger, qui oppose la logique de pédagogie du public à la contrainte de productivité du privé.